France / L’opposition critique surtout le timing du voyage à Kiev par rapport aux élections
Le voyage d’Emmanuel Macron à Kiev, pour y rencontrer le président Zelensky en compagnie des plus hauts responsables allemand, italien et roumain, avait beau être pressenti comme un complément logique à sa visite en Roumanie et en Moldavie (voir Tageblatt du 14 juin), il n’en a pas moins pris de cours ses contempteurs habituels. Tout particulièrement dans le climat électoral tendu que connaît actuellement la France.
Se rendre en Roumanie et en Moldavie, en effet, pouvait passer pour une façon de changer d’air en faisant valoir sans risque sa stature présidentielle par rapport à son principal adversaire, Jean-Luc Mélenchon. Il n’était jusqu’à ses propres partisans pour regretter que décidément, le chef de l’Etat ne soutienne guère leur combat électoral.
Mais une incursion, à bord d’un train de nuit où a pu être organisé une sorte de sommet tripartite roulant, dans l’Ukraine en guerre, à la tête d’une troïka européenne composée des chefs de l’exécutif des trois plus puissants pays du continent, de surcroît membres fondateurs de l’UE, pour aller rencontrer dans sa capitale le président Zelensky – avec lequel, dans les trois cas, subsistaient une pomme de discorde – prenait soudain une allure sans doute point héroïque, mais du moins plutôt épique, évidemment approuvée par la majorité présidentielle.
Cela n’a certes pas découragé l’opposition d’émettre des critiques, non pas contre son principe, en général, mais contre le moment et la méthode choisis. Certains l’ont fait sans embarras: c’est le cas chez les Républicains; lesquels, sur le fond, ne peuvent que soutenir la résistance ukrainienne contre l’invasion russe et l’ont manifesté dès le début.
Le président de LR, Christian Jacob, a ainsi déclaré: „Si l’on veut vraiment aboutir à un accord, à une médiation, ce n’est pas en se mettant en scène“, avec ce qu’il a estimé, de la part de M. Macron, „une communication caricaturale“, car „ce n’est sans doute pas à grand renfort de caméras qu’on réussit une action diplomatique“. Une autre personnalité des Républicains, Jean-François Copé, a surenchéri en référence à ces législatives difficiles pour la majorité présidentielle: „Macron dans un train pour l’Ukraine ce matin, comme s’il ne pouvait attendre la semaine prochaine, alors que l’extrême gauche est hyper-menaçante pour notre pays, c’est d’une légèreté incroyable!“ A droite encore, seul le président du Sénat, Gérard Larcher, a jugé qu’„il était temps qu’Emmanuel Macron aille en Ukraine“, surtout en forte compagnie européenne.
Le Pen: „Il se sert de sa posture de chef de guerre“
Mais du côté des deux extrémismes anti-macronistes, celui de droite conduit par Marine Le Pen et celui de gauche sous la férule de Jean-Luc Mélenchon, l’embarras, quoique discret, aura été plus perceptible. Et cela du fait de la proximité affichée par les deux leaders à l’égard de Vladimir Poutine, que le chef de file de La France Insoumise qualifiait encore il n’y a pas si longtemps de démocrate et auprès de qui la patronne du RN était allée chercher une sorte d’adoubement. Et, corollairement’ de leur commune hostilité à l’Union européenne.
Mme Le Pen a donc prudemment estimé „parfaitement légitime que M. Macron aille à Kiev quand on est engagé, comme l’est la France, dans un processus diplomatique dont l’objectif est d’obtenir la paix“. Non sans ajouter tout de même: „Ce qui est peut-être plus contestable, c’est le fait de choisir d’y aller à trois jours des élections législatives“, car „il se sert de cette posture de chef de guerre pour tenter d’avoir une influence sur le scrutin“.
Quant à la Nupes, M. Mélenchon a laissé à son bras droit Alexis Corbière le soin de déclarer: „Nous sommes trois jours avant un scrutin déterminant, de sorte que je m’interroge si c’est le peuple ukrainien qu’il veut aider ou sa propre équipe et son parti actuellement en difficulté. J’espère que le peuple ukrainien n’est pas utilisé pour des questions de politique intérieure française.“ Reste à savoir si, en effet, ce coup d’éclat diplomatique du président français aura, après-demain, une influence sur les électeurs.
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