FranceLes Républicains cherchent une stratégie – et se retrouvent en pleine crise existentielle

France / Les Républicains cherchent une stratégie – et se retrouvent en pleine crise existentielle
Eric Ciotti, Aurélien Pradie et Bruno Retailleau: trois candidats qui briguent leurs suffrages Photo: AFP/Geoffroy Van der Hasselt

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Mettre la barre à droite toute? Serrer au centre, voire faire alliance avec le président Emmanuel Macron? La droite française dans l’opposition se cherche un avenir politique.

Les quelque 91.000 membres du parti des Républicains à jour de cotisation sont appelés à voter samedi et dimanche pour désigner leur nouveau président, et le week-end suivant si aucun des trois postulants ne l’emporte dès ce premier tour. Mais au-delà de ce scrutin interne, ce congrès LR devrait être l’occasion d’une réflexion soutenue sur l’avenir de cette formation, jadis pilier de la Ve République dans la majorité, mais aussi dans l’opposition, et aujourd’hui en pleine crise existentielle.

Tel est bien, d’ailleurs, le premier paradoxe des héritiers – de plus en plus approximatifs – du gaullisme. Pour s’en tenir aux dernières décennies, le nombre de leurs militants accuse certes une forte baisse par rapport au temps du chiraquisme triomphant; mais n’est-ce pas le cas de tous les partis français, en cette période de désaffection populaire à l’égard de la politique?

Leurs effectifs restent en fait à la hauteur des moins mal lotis, comme le RN ou les macronistes. Le nombre de leurs élus locaux, lui aussi, a évidemment baissé après les dernières municipales, notamment au profit des Verts, mais non point fondu. Et leur groupe au Palais-Bourbon, avec 62 députés, a survécu, vaille que vaille, à la vague lepéniste, alors que le PS, l’autre grand parti français de gouvernement, ne saurait en dire autant face à l’entreprise mélenchoniste. Et ils tiennent, avec le reste de la droite modérée, la majorité au Sénat.

Un moral en berne

Pourtant, c’est peu dire que les Républicains ont, surtout depuis la réélection de Macron, un moral en berne, auquel le piètre score de leur candidate à la présidentielle, Valérie Pécresse, pourtant présidente solidement élue de la région Ile-de-France, a porté un coup particulièrement rude. Car – second paradoxe – ils se savent plus où se situer, et quelle stratégie adopter pour sortir du marasme. Et cela, alors même que, les sondages le montrent, les Français penchent de plus en plus vers la droite, en tout cas pour l’instant.

Surtout, les législatives de juin leur ont donné, malgré leur réduction numérique, une position potentiellement bien plus forte que dans l’Assemblée précédente, où l’exécutif disposait d’une majorité absolue et n’avait donc nul besoin d’eux. Sachant que l’extrême droite et la Nupes sont irrémédiablement hostiles au gouvernement, les élus LR pourraient exercer une pression décisive sur la macronie, puisque de leur approbation, ou au moins de leur abstention, dépend très souvent le vote ou le rejet des projets gouvernementaux.

On avait même vu en eux, au début de la législature, de possibles „faiseurs de roi“, en tout cas de majorité. Mais c’est bien là, justement, que le bât blesse. Car les élus LR – et, avec eux, l’ensemble du parti – se trouvent coincés entre un Rassemblement national qui aimerait bien recevoir ce renfort, précieux numériquement et plus encore en termes de respectabilité républicaine, et des macronistes qui, président en tête, ne désespèrent pas, au contraire, de les arrimer à la majorité, laquelle mériterait à nouveau son nom.

Mais quel renouveau?

De discrets contacts ont lieu entre des émissaires de l’Elysée et certains parlementaires de droite ouverts à la discussion. D’autres, à droite toujours, préfèrent regarder du côté des lepénistes, à peu près aussi discrètement. Mais beaucoup de cadres LR estiment que le seul avenir possible est justement de ne s’agréger à aucune autre formation. Quant au gros des troupes, il attend … Le moins que l’on puisse dire est que tout cela ne fait ni un but, ni une stratégie pour y parvenir.

C’est dans ce contexte que les militants vont devoir voter pour l’un des trois candidats qui briguent leurs suffrages. Il s’agit du sénateur de Vendée Bruno Retailleau, jadis fidèle supporter de François Fillon et qui préside aujourd’hui le groupe LR de la Haute-Assemblée; du député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, qui dit vouloir se mettre au service de Laurent Wauquiez, actuel président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, dans la course à l’Elysée de 2027; et enfin de son collègue du Lot Aurélien Pradié, benjamin de ce trio, qui assure vouloir – mais sans guère de précisions – moderniser et dynamiser le parti.

Parmi ses deux concurrents, mieux placés à en croire une enquête interne, M. Retailleau affiche une sorte de conservatisme tranquille, sur le plan culturel et sociétal en particulier, tandis que M. Ciotti se situe résolument, lui, à la droite de la droite, sur des questions comme l’immigration et l’identité nationale en particulier: n’avait-il pas dit qu’en cas de duel présidentiel Macron/Zemmour, il voterait pour le second sans hésiter?

De quoi douter – sauf sursaut des adhérents – que le grand renouveau de la droite annoncé par les trois candidats puisse réellement éclore dans ce congrès LR …