France / Le parti LR pourrait éclater si la défaite de sa candidate est trop lourde

La candidate du LR, Valérie Pécresse, n’arrive pas à décoller dans la campagne présidentielle (Photo: Lewis Joly/AP/dpa)
La dernière semaine de campagne présidentielle avant le premier tour s’ouvre ce matin dans un climat plus incertain, même si Emmanuel Macron reste en tête des sondages, tant pour dimanche prochain que pour le 24 avril. L’écart continue en effet de se resserrer entre lui et Marine Le Pen: selon l’enquête publiée hier par le „Journal du dimanche“, il ne serait plus que de cinq points, à 27% contre 22. Mais c’est chez les Républicains que l’inquiétude est la plus vive.
Une inquiétude qui ne porte pas sur le sort de leur candidate, tant celui-ci semble scellé. Valérie Pécresse, tombée à 8,5% des intentions de vote sauf redressement surprise après le grand meeting qu’elle tenait hier après-midi à Paris, et encore, ne semble plus, en effet, avoir de chance de l’emporter, ni même d’être qualifiée pour le second tour. Mais justement: quelles seront, pour le parti LR, les conséquences d’une nouvelle défaite à l’élection présidentielle, la troisième consécutive après celles de 2012 (Nicolas Sarkozy contre François Hollande) et 2017 (François Fillon contre Emmanuel Macron)?
Le parti en général, et son groupe parlementaire en particulier, se déchirent actuellement face à cette éventualité, désormais perçue comme une inéluctable certitude. D’autant plus qu’à côté des inclinations politiques de chacun (qui soutenir au soir du premier tour, et vers qui se tourner après le second?) se pose aussi pour les députés LR, plus trivialement, la question de leur réélection aux élections législatives qui suivront la présidentielle. Une réélection dont la difficulté sera, selon eux, proportionnelle à l’ampleur du désastre.
Si Valérie Pécresse réussit à redresser le score que lui accordent les sondages, et arriver en troisième position derrière Macron et Le Pen, „ce sera un échec mais nous resterons dans le paysage“, juge un dirigeant LR cité par Le Point, „mais si elle arrive cinquième comme aujourd’hui, derrière tout le monde, c’est un tsunami“. Et un sénateur d’ajouter: „Si elle arrive deuxième, nous aurons 150 députés; troisième, cent; mais à partir de quatrième, on n’en aura plus que trente …“ La crainte générale, chez les Républicains, est de voir leur parti et leur présence à l’Assemblée se rétrécir autant que ce qui est arrivé au PS.
Et ensuite, les législatives …
Une telle évolution signerait la victoire totale de l’opération lancée par Macron il y a cinq ans: réduire à néant, ou peu s’en faudrait, tant la gauche que la droite traditionnelles, pour ne plus avoir contre lui que l’extrême gauche et l’extrême droite. Lesquelles sont certes puissantes sur le plan électoral, mais non sur le plan parlementaire, grâce au mode de scrutin majoritaire, et sensiblement moins crédibles, de surcroît, comme alternatives de gouvernement.
Face à ce péril existentiel, trois courants semblent se dessiner, encore discrètement, chez les Républicains. Il y a d’abord ceux qui sont partisans, après la présidentielle, du moins si cette dernière est remportée par le sortant, de rallier la majorité macroniste, au sein de laquelle ils pourraient d’ailleurs peser d’un certain poids si, comme il est possible, le parti du président n’atteint pas à lui seul le quorum parlementaire requis pour gouverner. Un certain nombre de personnalités, quoique restées au LR, ont déjà sauté le pas en annonçant dès maintenant leur soutien à Macron.
Le deuxième courant est celui des élus qui considèrent que leur parti n’a pas à se rallier à un président sortant dont ils se sentent éloignés, et que, si désolante soit cette perspective, il vaut mieux pour eux rester résolument dans l’opposition en attendant des jours meilleurs. Et cela d’autant plus qu’en cas de réélection, l’actuel locataire de l’Elysée va devoir faire face à d’innombrables difficultés, dont les chantiers qui n’ont pas été ouverts sous le précédent quinquennat, ou promptement mis à l’arrêt. Une opposition de droite modérée, restée fidèle à elle-même, aurait donc, comme on dit, du grain à moudre, et pourrait aborder les échéances suivantes en position de force.
Un „big bang“ dès dimanche soir?
Reste un troisième courant, dont il est encore difficile dévaluer l’ampleur, mais que les déconvenues de la campagne de Valérie Pécresse, et au contraire la remontée de Marine Le Pen, ont fortifié. C’est celui des partisans d’un ralliement soit à cette dernière, soit à Eric Zemmour, qui pour avoir beaucoup perdu dans les sondages au détriment principal de la candidate du RN, ne désespère manifestement pas de fédérer demain l’ensemble de la droite „nationale“ et „souverainiste“, pour ne pas dire nationaliste et anti-européenne.
Beaucoup d’élus et autres responsables, chez les Républicains, ont sans doute déjà fait leur choix. Mais il est clair, tout de même, que celui-ci dépendra aussi, voire surtout, au bout du compte, des résultats du premier tour. Au point que certains n’hésitent pas à prédire pour dimanche soir prochain, sans attendre davantage, le „big bang“ de leur parti …
Reste tout de même une interrogation: où en est Nicolas Sarkozy de ses réflexions? Mme Pécresse attend toujours, mais avec de moins en moins d’espoir, un mot de soutien de sa part. Mais une rumeur prête à l’ancien président une tout autre démarche, singulière dans la forme comme sur le fond: rappeler à voter Macron, mais en échange de cinquante circonscriptions „sûres“ aux législatives, et du droit de choisir lui-même le futur premier ministre!
Décidément, cette présidentielle à nulle autre pareille pourrait bien, malgré une campagne terne et chaotique, marquer un tournant dans l’histoire électorale de la Ve République.
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