Le Grand Est s’ouvre au transfrontalier

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En perspective des élections européennes, la région Grand Est prend finalement en compte le „fait transfrontalier“ après trois ans d’existence et présente ses nouvelles orientations afin de mieux travailler avec ses voisins.

Par notre correspondant Jean-Pierre Cour, Metz

Afin de répondre aux enjeux de la mobilité transfrontalière, la région Grand Est s’engageait en fin de semaine passée dans une réflexion de fond sur les problématiques transfrontalières lors de sa session de fin d’année à Metz. D’aucuns diront qu’il était temps depuis trois ans, date de la création de cette nouvelle région française forte de 5,5 millions d’habitants et première région française en termes de contacts avec ses voisins en Europe: Wallonie, Luxembourg, Allemagne et Suisse.

Un volet financier dédié

Les travailleurs, étudiants, apprentis, demandeurs d’emploi, acteurs économiques et socio-culturels, usagers et consommateurs représentent 170.000 personnes qui se déplacent régulièrement de l’autre côté de la frontière dont 105.000 navetteurs pour le seul Luxembourg. Du coup, la sphère politique du Grand Est annonce qu’elle a pris conscience du fait que toutes les stratégies territoriales doivent aujourd’hui s’envisager à l’aune du transfrontalier. C’est un tournant. Ceci d’autant que les prochaines élections européennes de 2019 pèseront lourdement sur les financements et les stratégies politiques du futur.

C’est aussi la raison pour laquelle l’institution régionale, par la voix du président du Grand Est, Jean Rottner, assure l’urgence d’activer l’ensemble des fonds européens disponibles. Ici, l’investissement de la région Grand Est fléché en direction du transfrontalier est à ce jour de 600.000 euros sur un budget global de 3,1 milliards d’euros au titre des actions transfrontalières menées avec plus de 30 millions d’euros d’actions transfrontalières en consolidé auxquels il faut ajouter 420 millions d’euros de crédits Feder (Fonds européen de développement régional) au titre des programmes Interreg pour lesquels la Région est autorité de gestion (Rhin Supérieur et Grande Région) ou autorité partenaire (France/Wallonie/Flandres).

Les nouvelles orientations

  • développer le co-développement transfrontalier en améliorant la mobilité par des dessertes supplémentaires pour les trains et les bus tout en complétant le réseau de nouveaux matériels;
  • privilégier l’intermodalité intelligente, la mobilité décarbonée tout en encourageant le co-voiturage;
  • inscrire le Grand Est dans les Eurocorridors afin de structurer les flux de marchandises;
  • développer et accompagner l’apprentissage des langues:
  • informer des opportunités offertes dans les espaces transfrontaliers;
  • améliorer le fonctionnement du marché du travail et la formation professionnelle;
  • favoriser les expérimentations dans le domaine du développement durable;
  • assurer à tous les frontaliers le bénéfice du même niveau de service;
  • créer deux temps forts: une conférence territoriale de l’action public et les Assises du Transfrontalier au printemps 2019 qui se tiendront chaque année. J-P.C

La politique annoncée se décline ici sous trois axes: „susciter, coordonner et rassembler“ afin de lever les obstacles au sein de la Grande Région transfrontalière. Que ceux-ci soient physiques, techniques, voire psychologiques. Selon le communiqué de presse distribué en séance: „Le Grand Est désire travailler à une plus grande synergie des acteurs du développement économique, social, culturel, environnemental tout en favorisant l’émergence d’outils au service d’une gouvernance renforcée et partagée permettant de fédérer l’ensemble des acteurs autour d’une ambition globale; répondre aux enjeux de la mobilité transfrontalière des personnes.“ Pour autant, cela sous-tend la nécessité de fédérer, agréger ce qui est épars, favoriser les synergies et créer des lieux de concertation et d’émergence d’une stratégie commune transfrontalière dans les domaines de la mobilité ou encore des langues.

Ici, l’ensemble des élus présents se disent en accord avec ces nécessités. Au passage, Jean Rottner notait, dans son discours: „Nous allons investir massivement pour améliorer les liaisons ferroviaires en direction du Luxembourg. Les nouveaux dirigeants du Grand-Duché doivent comprendre que les travailleurs frontaliers doivent pouvoir venir travailler au quotidien dans de bonnes conditions. C’est un intérêt commun. Et si possible avant 2028 …!“

Prendre en compte l’existant?

Cette politique nouvelle serait-elle là pour apaiser les remous créés le 29 octobre dernier lorsque l’Alsace avait demandé et obtenu du gouvernement français une sorte de particularisme qui la positionne aujourd’hui comme unique chef de file de la réflexion transfrontalière et sur le multilinguisme? C’est possible. La chose avait soulevé l’indignation des élus lorrains qui considéraient à juste titre que si l’Alsace avait des liens historiques avec la Bade-Wurtemberg, la Lorraine, avec la Wallonie, le Luxembourg et la Sarre, avait autant de pertinence dans ces domaines que la seule Alsace. S’ajoute à cela des institutions déjà existantes comme La Grande Région transfrontalière actuelle (Wallonie, Luxembourg, Lorraine, Rhénanie-Palatinat) à laquelle s’ajoute le CPI (Conseil parlementaire interrégional), le Comité économique et social de la Grande Région (CESGR), l’Institut de la Grande Région (IGR), etc. Ici, il est à noter que les élus alsaciens savent mieux se faire entendre de Paris que les élus lorrains ou champardennais. Pour autant, la prise en compte des problématiques spécifiquement franco-luxembourgeoises semblaient enfin prises en compte lors de ces débats.