FranceLe congrès du PS s’ouvre sous le signe de la division

France / Le congrès du PS s’ouvre sous le signe de la division
D.g.à d.: Le premier secrétaire du PS Olivier Faure, le conseiller régional d’Ile-de-France Jean-Marc Germain, la porte-parole du PS Lamia El Aaraje et Nicolas Mayer-Rossignol hier assistant à l’ouverture du congrès à Marseille Photo: Nicolas Tucat/AFP

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

Le 80e congrès du PS s’est ouvert hier à Marseille dans un climat tendu. La réélection du premier secrétaire, Olivier Faure, député de Seine-et-Marne, reste en effet fortement contestée par son rival du second tour, Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, qui dénonce – et un certain nombre d’observateurs avec lui – des fraudes dans l’organisation de ce scrutin. Mais les causes profondes de ce différend vont bien au-delà d’une rivalité de personnes.

Alors premier ministre de François Hollande, Manuel Valls avait choqué certains de ses amis socialistes en déclarant qu’il y avait décidément en France „deux gauches irréconciliables“; sous-entendu: celle de tendance sociale-démocrate, et celle qui affichait des prétentions révolutionnaires. Dira-t-on aujourd’hui qu’il y a deux PS, eux aussi irréconciliables, ou peu s’en faut?

On n’en est sans doute pas encore là. Mais l’état d’esprit dans lequel les militants socialistes survivants de la grande débâcle présidentielle du parti se sont retrouvés hier après-midi pour trois jours à Marseille semblait tout de même bien pessimiste. Beaucoup – dans les deux camps, d’ailleurs – s’indignant en outre qu’en pleine controverse sur la réforme des retraites, leur parti puisse épuiser ses forces à se déchirer plutôt qu’à se mobiliser.

Derrière cette dispute entre Faure – tardivement proclamé vainqueur par les instances du parti – et Mayer-Rossignol, il y a d’abord, pour s’en tenir aux apparences, la question des fraudes imputées au camp du premier par celui du second. Il faut dire qu’à cet égard, un (mauvais) souvenir hante les consciences socialistes: celui du congrès de Reims, en 2008. Ségolène Royal, arrivée en tête quant au nombre de suffrages selon de nombreux témoignages, s’était alors vu préférer Martine Aubry grâce à une manipulation des votes par certains „éléphants“ du PS, lesquels ne pouvaient se résoudre à la supporter (aux deux sens du terme), pas plus qu’ils ne l’avaient fait lors de la présidentielle de l’année précédente.

Des manoeuvres

Cette fois-ci, la manœuvre en faveur d’Olivier Faure, selon ses adversaires, aurait été plus diversifiée. Deux exemples: dans le Pas-de-Calais, les observateurs mandatés par le maire de Rouen ont pu constater avant le début du vote que 22 bulletins étaient déjà glissés dans l’urne; laquelle, de surcroît, était placée dans un couloir où chacun pouvait voter sans contrôle. Les soutiens municipaux de Faure n’ont pas apprécié les critiques, et en fait expulser les auteurs par la police, elle aussi … municipale. Dans un bureau de Seine-Saint-Denis, on aura décompté plus de votants que d’inscrits!

Mais ce combat des chefs va évidemment bien au-delà: il s’agit surtout, en réalité, d’un affrontement sur le rôle et l’avenir même du PS. Pour Olivier Faure, ce dernier doit rester engagé dans la Nupes de Mélenchon, et toute tentative d’émancipation conduirait à un éclatement de l’union de la gauche ressuscitée par le leader de La France Insoumise. Pour Nicolas Mayer-Rossignol au contraire, sans pour autant faire éclater cette union, les socialistes doivent reprendre leur liberté d’esprit et de parole, et redevenir un grand parti de gouvernement, plutôt que de persévérer sur la voie de la „groupusculisation“, et dans le sillon d’une extrême gauche de rupture, à l’occasion pro-islamique.

C’est là un langage qui touche probablement au cœur nombre de militants et de cadres du PS, sans parler de ses électeurs. Mais ceux des députés qui ont pu, au printemps 2022, sauver leur siège (dont M. Faure lui-même), souvent grâce à l’appui mélenchoniste, ne sont pas près, dans l’ensemble, de renoncer à ce précieux renfort. C’est dire qu’à Marseille, si les débats s’annoncent animés, et les coups d’éclat fort possibles, rien ne dit qu’Olivier Faure ne sera pas finalement reconduit comme premier secrétaire plus clairement et plus confortablement que lors du vote des militants des 12 et 19 janvier.