FranceLe congrès du PS a évité la fracture: Le rival d’Olivier Faure devient son adjoint

France / Le congrès du PS a évité la fracture: Le rival d’Olivier Faure devient son adjoint
À partir de la gauche: le maire de Charleroi et président du PS en Belgique, Paul Magnette, la maire de Nantes Johanna Rolland, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy, le „premier secrétaire délégué“ Nicolas Mayer-Rossignol et la présidente des „Jeunes Socialistes“ Emma Rafowicz Photo: Clément Mahoudeau/AFP

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

Le 80e congrès du PS s’est achevé hier à Marseille sur une réconciliation affichée entre son premier secrétaire Olivier Faure, qui a été reconduit sans nouveau vote, et son adversaire Nicolas Mayer-Rossignol, promu „premier secrétaire délégué“, poste qui n’existait pas jusqu’à présent dans les statuts. Autre contestataire de M. Faure, Hélène Geoffroy retrouve quant à elle la présidence du conseil national du PS.

„Embrassons-nous Folleville!“: ce titre d’un célèbre vaudeville d’Eugène Labiche aurait pu servir de phrase de clôture à ce congrès de Marseille, tant la direction sortante a semblé en épouser la philosophie pour effacer autant que possible l’impression plus que fâcheuse produite par la semaine d’âpres remises en cause, pour ne pas dire d’invectives, qui l’avait précédé. Ce pari sera-t-il gagné? C’est pourtant loin d’être sûr.

D’abord parce que les irrégularités qui avaient conduit, selon les adversaires du premier secrétaire sortant, à la réélection de ce dernier lors du second tour du vote des militants, le 19 janvier dernier, ont visiblement laissé des traces dans les mémoires et les consciences de nombre de militants. Un signe qui ne trompe pas, d’ailleurs: c’est la première fois depuis un demi-siècle que le congrès du PS n’est pas appelé à ratifier officiellement l’élection de son chef.

Ensuite, quelles qu’aient été les proclamations de bonne volonté de part et d’autre, sur le thème de l’unité retrouvée, la tâche d’Olivier Faure pourrait bien se trouver singulièrement compliquée en étant flanqué d’un adjoint (sur deux) qui est aussi un adversaire, tandis que Mme Geoffroy, qui reste résolument opposée à l’intégration du PS à la NUPES de Jean-Luc Mélenchon, présidera le „parlement“ du parti.

Les tractations entre les partisans des trois personnalités opposées se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi jusqu’à quatre heures du matin, et l’accord final a encore dû être affiné durant toute la matinée. Comme jadis les „motions de synthèse“, exercice en lequel excellait François Hollande, lorsqu’il était lui-même premier secrétaire – mais on parlait plus, alors, d’orientations politiques que de partages des postes.

Les difficultés à venir

M. Faure a eu beau lancer à M. Mayer-Rossignol, du haut de la tribune du congrès: „Il y a eu des mots blessants, des désaccords surjoués (…) mais toi et moi, nous avons fait le choix de dépasser ces moments et d’agir ensemble plutôt que les uns contre les autres“, l’impression demeure que c’est plutôt cette réconciliation qui est „surjouée“. Et qu’elle est bien davantage due à une distribution de fonctions – dont l’avenir dira au demeurant le contenu réel – qu’à un authentique accord politique.

Sans doute le congrès ne pouvait-il décemment se séparer sur une querelle ouverte, encore moins sur une scission. Mais en opérant une telle réconciliation, d’appareil plutôt que de programme ou de stratégie, le PS pourrait bien ne pas avoir redoré son image, ni esquivé les difficultés à venir. À commencer par ses relations avec la NUPES, ou du moins avec La France Insoumise mélenchoniste, dont il ne semble pas que les „ralliés“ apparents à M. Faure aient le moins du monde renoncé à libérer leur propre parti. Le premier test à cet égard sera sans doute constitué par les élections européennes, où il serait bien difficile aux socialistes, pro-européens, anti-islamistes et hostiles à l’agression russe contre l’Ukraine, de faire liste commune avec LFI.

Sans même attendre cette échéance, les trois premiers secrétaires, qui se réuniront statutairement une fois par semaine, vont devoir afficher, sur toutes sortes de sujets, des positions communes. Et Olivier Faure n’est pas assuré de pouvoir compter sur une majorité qui lui soit acquise au sein du conseil national, ni du bureau national. Au cœur des fédérations départementales, en outre, la situation risque de ne pas être simple non plus pour lui: les amis de ses (ex?) adversaires rivaux comptent bien y décrocher des postes de direction lors des prochains scrutins internes.

Hier, M. Faure, patelin, a lancé aux congressistes: „Chez nous, tout se discute; nous pouvons passer des jours à débattre d’une orientation, et ensuite des nuits à recoller la vaisselle cassée.“ Soit – à condition de ne pas laisser ces „nuits“ devenir des années… et de reparler, tout de même, d’„orientations“.