FranceLa formation lepéniste vise à „incarner l’alternance“

France / La formation lepéniste vise à „incarner l’alternance“
Louis Alliot (g.) et Jordan Bardella (d.) se proposent comme candidats à la succession de Marine Le Pen à la présidence du parti  Photo: AFP/Pascal Guyot

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Le Rassemblement national vient de tenir sa réunion parlementaire de rentrée dans la station balnéaire du Cap d’Agde, au bord de la Méditerranée, dans un climat presque euphorique, même si le sérieux des apparences était de mise … et si les finances du parti d’extrême droite sont à nouveau en difficulté.

Cette situation – on parle d’une dette de 22 millions d’euros – va d’ailleurs conduire la formation lepéniste à lancer un nouvel emprunt auprès de ses sympathisants, en attendant les fonds publics que lui vaudront soin score aux législatives, soit 10 millions d’euros par an, qui lui seront versés pour la première fois en juillet prochain. Mais pour le reste, le RN en général, et son ex-présidente et candidate présidentielle en particulier, assurent avoir connu un bien bel été.

Il y a d’abord le fait que leur groupe parlementaire compte désormais 89 députés, ce qui en fait le deuxième plus important au Palais-Bourbon, derrière les macronistes de Renaissance. Mme Le Pen a manifestement touché là les dividendes des erreurs de la majorité sortante, mais aussi de sa longue campagne de „dédiabolisation“. „Naguère, pour notre déjeuner de clôture, nous aurions réservé un restaurant; cette fois-ci, nous avons privatisé une salle de 400 places dans un domaine viticole pour nos élus nationaux, européens et municipaux“, soulignait fièrement un des participants aux journées du Cap d’Agde.

En second lieu, quoique battue à nouveau à la présidentielle par Macron, elle a cette fois-ci fait figure à peu près convenable face à ce dernier durant le débat de l’entre-deux-tours, contrairement à 2017, et son score s’en est ressenti (41,45% des voix, contre 33,90 cinq ans plus tôt). Même si elle va répétant que selon toute vraisemblance, elle ne briguera pas à nouveau l’Elysée en 2027, Marine Le Pen se positionne désormais en possible „force d’alternance“, et son parti avec elle, face à une Macronie passablement écornée et une gauche „mélenchonisée“.

La fin de la „PME familiale“?

Et cela d’autant plus que la tentative d’Eric Zemmour pour prendre la tête de l’extrême droite, en allant jusqu’à fonder lui aussi son propre parti, Reconquête, a finalement sombré après des débuts qui semblaient redoutables pour le RN. Sans doute l’ancien journaliste et polémiste n’a-t-il pas totalement disparu des écrans; mais il n’est plus du tout en mesure de ravir aux lepénistes le quasi-monopole qu’ils se sont taillé à la droite de la droite de l’éventail politique français.

Cette aspiration du RN à incarner l’alternance trouve en outre un nouvel aliment dans les succès, acquis ou possibles, de l’extrême droite – on dit plutôt chez lui: des „patriotes“ – dans d’autres pays d’Europe. A commencer par la Suède, pourtant si sagement sociale-démocrate et modérée jusqu’à présent, et avec les sérieux espoirs électoraux des néo-fascistes italiens. Sans parler de la dérive ultra-droitière et nationaliste de Budapest.

En attendant, le parti lepéniste va devoir se doter d’un nouveau président, puisque Mme Le Pen a souhaité, voici des mois déjà, quitter cette fonction. Pour illustrer l’aggiornamento du RN, certains de ses dirigeants font valoir qu’en toute hypothèse le nouveau titulaire ne portera pas, pour la première fois dans son histoire cinquantenaire, le nom des Le Pen: ni celui du patriarche fondateur, ni celui de sa fille. „La PME familiale, c’est fini!“, dit-on. Pas tout à fait, quand même: les deux candidats à la succession sont Louis Alliot, maire de Perpignan et … ancien compagnon de Mme Le Pen, et le jeune Jordan Bardella, compagnon, lui … d’une de ses nièces.