FranceLa barbarie islamiste en procès

France / La barbarie islamiste en procès
Des officiers de la gendarmerie française arrivent au Palais de Justice de Paris Photo: AFP/Alain Jocard

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Hier après-midi s’est ouvert au Palais de Justice de Paris le procès des auteurs ou complices présumés de l’effroyable série d’attentats islamistes qui avaient fait, le vendredi soir du 13 novembre 2015 dans la capitale française, 130 morts au total et des centaines de blessés graves, mitraillés aux terrasses parisiennes, dans la salle du Bataclan et au Stade de France. Sur les vingt accusés, onze seulement étaient présents pour cette première audience, neuf autres devant être jugés par contumace.

Le „procès du siècle“, comme le titraient hier nombre de journaux? Il est malheureusement un peu tôt pour le dire, tant l’horreur terroriste court vite. Mais enfin, il s’agit clairement, pour l’instant, de la plus grande audience criminelle jamais organisée en France, toutes époques confondues, comme en témoignent les chiffres.

Les salles consacrées à l’accueil du public devraient en effet pouvoir accueillir jusqu’à 3.000 personnes, affluence absolument sans précédent même pour les procès les plus médiatisés. Une nouvelle salle d’audience a été construite spécialement au sein de l’historique Palais de Justice, avec des dimensions hors normes: 45 mètres de long sur 15 de large, 8 écrans géants et une capacité de 550 places, pour un coût de 7,5 millions d’euros.

Après le procès des attentats du 13 novembre 2015, prévu pour durer neuf mois, elle a vocation à accueillir celui des attentats de Nice, perpétrés le 14 juillet 2016, puis l’appel du procès des attentats de janvier 2015, principalement contre Charlie-Hebdo. Elle devrait ensuite être démontée … si, entre temps, l’actualité du terrorisme islamiste ne s’est pas tristement chargée de lui trouver un nouvel usage.

1.800 parties civiles, 330 avocats

En attendant, 50 sièges sont réservés aux avocats de la défense, 260 à ceux des parties civiles – on n’en compte pas moins de 1.800! – et une trentaine à la presse, ce qui peut sembler peu pour les centaines de journalistes accrédités au nom de 141 médias, dont 58 étrangers. Ces si nombreuses parties civiles, qui représentent donc des victimes ou leur famille, devraient avoir la parole pendant au moins cinq semaines, à partir du 27 septembre, relayées et défendues par quelque 330 avocats. Une webradio a en outre été installée pour permettre aux parties civiles qui ne souhaitaient ou ne pouvaient être physiquement présentes à l’audience de suivre les débats, une première pour la justice française.

Ce croquis d’audience montre Salah Abdeslam, le principal suspect des attentats de Paris de novembre 2015
Ce croquis d’audience montre Salah Abdeslam, le principal suspect des attentats de Paris de novembre 2015 Photo: AFP

Plus globalement, ce procès va être intégralement filmé, pour les archives judiciaires en principe, mais aussi, sans doute, pour bien montrer au monde musulman que les pires tueurs ont droit, dans les démocraties, à un procès équitable, où ils peuvent librement s’exprimer. Ce procès est le quatorzième du genre à faire l’objet d’une „fixation audiovisuelle“, selon les termes de la loi Badinter qui, depuis 1985, autorise sous certaines conditions les micros et caméras à s’introduire dans les prétoires.

Cinq magistrats professionnels composent cette cour d’assises spéciale présidée par le juge Jean-Louis Périès, un magistrat qui, depuis le printemps 2020, se consacre entièrement à la préparation de ce procès des attentats de 2015. Quatre magistrats supplémentaires l’assistent, et l’accusation sera quant à elle soutenue par trois avocats généraux du parquet national antiterroriste. Mais en amont de ces audiences, les services de renseignement français, la DGSE pour l’étranger et la DGSI à l’intérieur, ont enquêté sans relâche durant quatre ans.

Ces investigations, aussi secrètes que dangereuses, ont permis quelques coups de filet successifs, qui aboutissent aujourd’hui à ces vingt mises en accusation, précédées de onze arrestations. Mais le principal accusé, Salah Abdeslam, est le seul membre du commando encore en vie. Le 13 novembre 2015, il conduisait la voiture dans laquelle se trouvaient les trois terroristes qui se feront exploser aux abords du Stade de France. Ce soir-là, il portait lui aussi une ceinture explosive, dont l’enquête a montré que son mécanisme de mise à feu était défectueux.

Un dispositif de sécurité exceptionnel

La nature même de ce qui est en cause a évidemment imposé la mise en place d’un dispositif de sécurité exceptionnel autour du Palais de Justice de la capitale. Sur la Seine, l’île de la Cité, au cœur de laquelle il s’élève, est à peu près en état de siège, et le restera pendant toute la durée du procès, dont le délibéré final n’est prévu que pour la fin du mois de mai prochain. Les audiences se tiendront, dans la mesure du possible, chaque semaine du mardi au vendredi à partir de midi et demie, étant entendu que le blocus du quartier, lui, restera permanent jusqu’à la fin de ce procès-fleuve.

„C’est un fort symbole qu’on arrive à faire ce procès“, a déclaré à son arrivée Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan
„C’est un fort symbole qu’on arrive à faire ce procès“, a déclaré à son arrivée Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan Photo: AFP/Thomas Coex

Dès ce mercredi, plusieurs suspensions d’audience ont eu lieu, du fait de la longueur de certains épisodes de procédure, ou encore du malaise, réel ou feint, de l’un des accusés, Farid Kharkhach, accusé d’avoir été l’intermédiaire entre le groupe terroriste auteur des attentats du Bataclan, du Stade de France et des terrasses de bistrots parisiennes, et le réseau de fabrication de faux documents.

Quant à Salah Abdeslam, hier devant la cour d’Assises, il s’est borné à répéter cet article de foi de l’Islam: „Il n’est de dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète.“ Ajoutant, lorsque le juge lui demandait de décliner son identité complète: „Je m’appelle Abdeslam Salah. Le nom de mon père et de ma mère n’ont rien à voir ici. J’ai délaissé toute profession pour devenir un combattant de l’Etat islamique.“ Deux déclarations qui ont leur logique, et qui étaient attendues, mais qui, sans surprise donc, n’auront que faiblement contribué jusqu’ici à ce que les juristes appellent la manifestation de la vérité.