FranceÉlisabeth Borne va devoir s’affirmer très vite comme une „vraie politique“

France / Élisabeth Borne va devoir s’affirmer très vite comme une „vraie politique“
Passation de pouvoir hier à Matignon: le premier ministre sortant Jean Castex (à gauche) et la nouvelle première ministre Elisabeth Borne Photo: Pool/AFP/Ludovic Marin

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Avec la nomination d’Élisabeth Borne comme première ministre, lundi soir, après la démission de Jean Castex – qui quitte la direction du gouvernement avec une bonne image, mais, semble-t-il, sans ambitions politiques pour la suite – le président Macron a donné, moins de quatre semaines avant le premier tour des élections législatives, le véritable coup d’envoi de son second quinquennat.

Le chef de l’Etat devait-il attendre trois semaines après sa réélection – un record de durée sous la Ve République – pour promouvoir à Matignon celle des ministres du gouvernement sortant qui y semblait d’entrée la plus crédible? Trois longues semaines de rumeurs et de démentis, de tractations en coulisses, tantôt à gauche, tantôt à droite, tantôt encore du côté de la société civile, soldées par des refus ou des blocages, pour en arriver là où il eût été si simple de commencer?

Du moins, le gouvernement français a-t-il enfin un nouveau chef, en l’occurrence une femme qui a pour elle un certain nombre d’atouts. Le premier étant, justement, d’être une femme: cela peut sembler étrange qu’en ce XXIe siècle, cela doive encore être salué comme une avancée, et une curiosité, mais Mme Borne n’est pour l’instant, de toute l’histoire de la France politique, que la deuxième à occuper cette fonction.

C’est en tout cas chose faite, et si la nouvelle titulaire de Matignon a tenu, lundi soir, à dédier sa nomination „à toutes les petites filles, qui ne doivent pas renoncer à leurs rêves“, elle a aussi d’autres caractéristiques positives à faire valoir. „C’est le choix de la compétence au service de la France, d’une femme de conviction, d’action et de réalisation“, a d’ailleurs tweeté M. Macron.

„Borne out“

De fait, dans les trois postes ministériels qu’elle a déjà occupés depuis la première élection de l’actuel président (transports, travail, transition écologique), mais aussi dans d’éminentes autres fonctions publiques antérieures, „patronne“ de la RATP ou préfète de région par exemple, Mme Borne passe pour avoir manifesté à la fois une grande puissance de travail et un caractère bien trempé – ses collaborateurs la surnomment „Borne out“, par référence au burn-out qu’elle aurait tendance à leur imposer – mais aussi des qualités de négociatrice, et une loyauté à toute épreuve.

C’est le choix de la compétence au service de la France, d’une femme de conviction, d’action et de réalisation

Tweet d’Emmanuel Macron, Président de France

Cette brillante polytechnicienne de 61 ans („Enfin une qui n’est pas énarque!“, ironisait-on hier à l’Assemblée nationale) a en outre fait ses débuts en politique dans des cabinets ministériels de gauche, ceux de Lionel Jospin et Ségolène Royal. Et cela comptait aussi, bien sûr, pour le locataire de l’Elysée, après avoir précédemment choisi deux premiers ministres, Edouard Philippe puis Jean Castex, qui étaient issus de la droite.

Élisabeth Borne hérite, en arrivant à Matignon, de plusieurs dossiers délicats, pour ne pas dire brûlants. A commencer par celui de la défense du pouvoir d’achat, considéré aujourd’hui comme numéro un dans l’Hexagone, pour lequel tout un train de mesures devrait être lancé cet été: triplement de la prime Macron versée par les entreprises, dégel du point d’indice de la fonction publique, revalorisation des minima sociaux et des retraites, dispositif visant à contenir la très forte hausse des tarifs de l’énergie, et l’on en passe.

Les élections arrivent …

Mais il va aussi lui falloir s’attaquer à l’organisation de cette encore assez mystérieuse „planification écologique“ promise par Macron, et à laquelle sera spécialement affecté un ministre travaillant auprès d’elle. De même pour le chantier toujours explosif de la réforme du régime des retraites, à la recherche du plein-emploi dans une conjoncture qui ne cesse de s’assombrir. Et d’autres très importantes réformes encore, comme celles de l’éducation et de la santé.

Tout cela en gérant en même temps son entrée personnelle dans l’arène politique, elle qui passe plus, pour l’instant, pour une brillante technicienne, grande dévoreuse de dossiers, que comme une responsable au contact humain facile. L’opposition populiste a accueilli sa nomination sous de prévisibles huées: Le Pen et Mélenchon y ont vu, dans les mêmes termes, la „continuation de la casse sociale“ et du „bilan désastreux“ du précédent quinquennat.

Les élections législatives arrivent, et comme première ministre, elle va devoir être, aux côtés du président, l’animatrice de la majorité sortante. Elle-même est, pour la première fois de sa carrière, candidate dans une circonscription de Normandie, et on n’imagine pas qu’elle reste à Matignon si elle était battue. La première ministre „techno“ de Macron n’a que quelques semaines devant elle pour se muer en une „vraie politique“.

lupus-canis
18. Mai 2022 - 8.36

en attendant les Législatives .. -qui sas, qui sas, qui sas-