Un thriller messin / „1803. La Nuit de la sage-femme“ d’Anne Villemin-Sicherman

Docteur en médecine, chroniqueuse à Radio Jerico depuis quinze ans, passionnée d’histoire messine, lauréate en 2019 du prix „Historia du roman policier historique“ pour son roman „L’Abbé Grégoire s’en mêle“, Anne Villemin-Sicherman mêle à des intrigues policières, aux côtés de personnages de fiction, des personnalités historiques.
Qu’il s’agisse de la „Série Augustin Duroch“ ou de la „ Série Montfort“, ses thrillers historiques se déroulent essentiellement à Metz, au XVIIIe ou au XIXe siècle. Son dernier opus, „1803. La Nuit de la sage-femme“, plonge le lecteur en plein de cœur de Metz, aux premières heures du XIXe siècle. Un mort serait revenu à la vie: de quelle manière le commissaire Montfort et son épouse Victoire (qui est aussi sage-femme) vont-ils mener l’enquête? S’agit-il vraiment d’une résurrection ou au contraire d’une sordide histoire dont les rouages sont progressivement mis en lumière?
Le roman d’Anne Villemin-Sicherman propose, en guise de propédeutique, un plan de Metz au début du XIXe siècle ainsi qu’une présentation des personnages, à la fois fictifs (e.a. Victoire Montfort, sage-femme; Albert Montfort, commissaire de police) et historiques (e.a. des gens de lettres tels que Germaine de Staël, Benjamin Constant ainsi que Charles de Villers), qui vont l’animer. L’action débute le lundi 8 brumaire de l’an XII de la République, c’est-à-dire le 31 octobre 1803: nous apprenons ainsi que „la veuve Annette Puchot avait enterré son époux six mois plus tôt dans le cimetière de Chambière“ et qu’„elle venait fidèlement, chaque jour, sur la tombe de son Lucien“. Cette dernière entend „de drôles de bruit“, „de légers chocs répétés, suivis d’une sorte d’appel assourdi“ … La découverte d’un pauvre homme enterré vivant au cimetière de Chambière décide Victoire Montfort à écrire son journal: „Dans mon métier de sage-femme, je suis souvent confrontée au diagnostic de la mort, et cela me glace de savoir que ses manifestations peuvent être trompeuses, au point d’enfermer dans la tombe un être encore en vie.“ Le commissaire Montfort est „tout retourné“ par cet incident, et ce d’autant plus que le mort vivant, Maximilien Lacour, l’un des excellents indicateurs de la police, n’est autre que le mari „disparu“ de Lucienne Lacour (fille de Berthe Plantin, l’aubergiste propriétaire de „l’Hôtel de Pont-à-Mousson“) que la femme du commissaire aide à accoucher. Albert Montfort est d’avis, pour sa part, „qu’on était allé un peu vite pour inhumer ce pauvre Max“, qui laissait d’ailleurs entendre qu’il avait été assassiné. Qui avait donc intérêt à ce qu’il mourût? S’agit-il d’une regrettable erreur ou d’une affaire criminelle?
Un récit vivant, au style enlevé
Telles sont aussi les questions que se pose le préfet de la Moselle Jean-Victor Colchen qui a à cœur de faire régner l’ordre et d’assurer la sécurité des Messins. Victoire Montfort mène son enquête notamment auprès de Berthe Plantin (elle aussi veuve depuis 1794), s’enquiert des circonstances entourant la mort et l’inhumation de ce „pauvre Max“ (un homme „liant et plein de drôlerie“ qui avait des amis partout), de son état de santé, d’ennemis éventuels, etc.; elle interroge l’apothicaire le plus fameux de Metz pour qu’il l’instruise sur les signes avérés de la fin de vie. Max était-il chargé de surveiller la baronne de Staël? Que sait exactement Eugène, le factotum de Madame de Staël ayant découvert Maximilien Lacour? Que révèle l’autopsie de ce dernier? S’agirait-il d’un miracle à l’instar de la résurrection de Lazare? Dieu lui-même aurait-il voulu le soumettre à une épreuve? Max le mouchard se serait-il attiré des inimitiés auprès des royalistes (qui complotent au cours du roman)? Pourquoi enlève-t-on Victoire Montfort après qu’elle a participé à un mystérieux accouchement?
C’est à cet autre cortège de questions passionnantes auquel le lecteur est confronté, et qui trouvent, distillées ici et là dans le tissu textuel, des réponses propices à piquer sa curiosité, à le laisser „s’embarquer“ dans ce récit vivant, au style enlevé, à l’écriture fluide que caractérisent à la fois la cohésion, la clarté et le sens de la progression. L’auteure non seulement a le souci du détail et de l’exactitude historique, mais encore brille dans l’art du portrait, dans l’art également de recréer les coulisses de l’histoire, l’atmosphère des différents épisodes qui s’égrènent au fur et à mesure des rebondissements de l’enquête de Victoire et d’Albert Montfort. Elle fait pénétrer son lecteur dans les coulisses des événements et dans les méandres des consciences – ce qui donne une épaisseur et une âme au texte. La forme diaristique que prend son roman — qui s’étend du 31 octobre au 6 décembre 1803 – crée par ailleurs une belle intimité entre le lecteur, la narratrice et l’ensemble des êtres de papier évoluant au sein de ce thriller messin où les passions s’exacerbent autour de plusieurs questions cruciales qui conservent intact le plaisir de lire ce nouvel opus d’Anne Villemin-Sicherman.
Info
Anne Villemin-Sicherman, „1803. La Nuit de la sage-femme“, Paris, 10/18, 2023.
ISBN-13: 978-2264080998; 306 pages; 14,90 euros
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