FranceLes élus français sont de plus en plus souvent agressés par les „antivax“

France / Les élus français sont de plus en plus souvent agressés par les „antivax“
Depuis des semaines une minorité des Français manifeste contre le passe vaccinal, comme ici le 8 janvier à Paris Photo: AFP/Christophe Archambault

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Ce lundi entre en vigueur en France le passe vaccinal, qui vient remplacer le passe sanitaire en imposant désormais à tout un chacun, pour participer à pratiquement tous les actes collectifs (travail en groupe, achats, voyages, activités sportives, spectacles, etc.) à l’exception des meetings électoraux, la production d’un QR Code attestant une vaccination complète contre le Covid.

Une courte période de transition est cependant prévue pour ceux qui viendraient se faire vacciner, certes tardivement, mais avec l’intention de compléter rapidement leur mise à jour, et de continuer à se faire tester en attendant. Il n’empêche: cette nouvelle étape du passe vaccinal, à l’origine motivée par la flambée sans précédent du variant Omicron, et sans doute aussi par le souci gouvernemental de ne pas en arriver à la vaccination obligatoire, n’aura pas été adoptée sans mal.

Sur le plan juridique, d’abord, il y aura fallu plusieurs votes au Parlement, notamment à la suite de maladresses de la majorité macronienne, et une vérification par le Conseil constitutionnel. Mais surtout, l’arrivée du passe sanitaire a donné une nouvelle vigueur à la branche la plus agitée des „antivax“, autrement dit cette petite minorité de la population française – parmi laquelle on compte tout de même plus de 90% de vaccinés! – qui refuse obstinément, sur un ton volontiers complotiste, de considérer la vaccination pour ce qu’elle est: un grand bienfait de santé publique, très fortement réducteur du nombre de décès et d’hospitalisations en réanimation.

Il pourrait ne s’agir que de la continuation d’une controverse déjà vieille de nombreux mois; mais de plus en plus, la colère des adversaires du vaccin tend à se traduire par des violences physiques, particulièrement à l’encontre des élus. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, relevait récemment que les incendies volontaires (de voitures, de domiciles particuliers ou de permanences des députés, en particulier), les dégradations diverses, les courriels ou tweets d’insultes ou de menaces, se sont multipliés depuis l’été dernier, suscitant déjà quelque 300 plaintes auprès de la justice, dont plus de 60 depuis le début de ce mois de janvier.

„Je vais te décapiter“

Y compris des menaces de mort, du genre: „Je vais te décapiter“, „Je vais te poignarder“, des mots qui, souligne le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand, „cherchent à pousser au crime“. Et sans aller jusque là, ce sont au total, depuis les premières mesures prises par l’exécutif, quelque 2.000 élus qui, d’une façon ou d’une autre, ont été agressés, dont 162 parlementaires et 605 maires ou adjoints victimes d’agressions physiques.

Dernièrement, on a encore vu un député macroniste de Saint-Pierre-et-Miquelon assailli devant chez lui, avec son épouse; et ce week-end, un autre parlementaire de la majorité a échappé de justesse à une meute de protestataires qui tentaient de forcer l’entrée de sa permanence, où avait aussi trouvé refuge un collaborateur du ministre de la Justice. Les deux hommes ont tout de même reçu des coups de poing et des gifles.

Le dernier samedi de protestation des antivax, avant-hier, n’a en revanche réuni sur l’ensemble de la France que moins de 40.000 participants, soit une nette baisse par rapport au samedi précédent. Et depuis l’annonce de l’instauration future du passe vaccinal, environ 500.000 personnes ont demandé à recevoir une première injection. „C’est beaucoup, mais bien sûr ce n’est pas encore assez“, notait ce week-end le premier ministre Jean Castex. Les violences contre les élus, en revanche, s’inquiètent nombre d’électeurs, c’est carrément trop, beaucoup trop.