France / Enseignants, pouvoir d’achat, épargne: Macron cherche l’apaisement ... quoi qu’il en coûte
La grève des enseignants en France ne reste pas sans suite. Des concessions ont déjà été faites à leurs représentants syndicaux. A moins de trois mois du premier tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron cherche avant tout l’apaisement.
Le mouvement de colère des enseignants français, jeudi, a d’ores et déjà porté ses premiers fruits: des concessions ont été faites à leurs représentants syndicaux dans la soirée même, lors d’une réunion présidée par le premier ministre mais à laquelle assistait Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale.
Ces concessions portent sur la fourniture de nouveaux masques de protection, à raison de cinq millions d’unités d’ici la fin de la semaine prochaine, l’assouplissement de certains protocoles sanitaires, et surtout la création de quelque huit mille postes supplémentaires au total, pour faire face aux conséquences de la pandémie sur les effectifs de personnel encore présents dans les écoles. Et cela, qu’il s’agisse d’enseignants intérimaires, d’assistants, d’infirmières, ou d’agents techniques de différents degrés.
En outre, une réunion du même type que celle de jeudi soir aura lieu désormais tous les quinze jours, en principe sans la présence du premier ministre mais avec celle d’autres responsables ministériels. Les syndicats, tout en assurant qu’ils allaient „rester sur leurs gardes“ et „ne pas se contenter de promesses qui ne seraient pas suivies d’effets“, n’ont tout de même pas caché leur satisfaction d’avoir „fait reculer le pouvoir“ en général, et M. Banquer en particulier.
De fait, la hâte de l’exécutif à accéder à la plupart de leurs exigences, au moins partiellement – et cela, très certainement, à la demande d’Emmanuel Macron lui-même – avait tout pour calmer le jeu, et elle y est au moins provisoirement parvenue. Quitte à creuser le déficit abyssal des finances publiques, lesquelles n’en sont plus, il est vrai, à quelques milliards près.
Une hâte qui en dit long
Mais cette hâte en dit long aussi sur la hantise de l’Elysée, et corollairement de Matignon, d’éviter que toute crise un tant soit peu sérieuse ne s’incruste dans le paysage politique, à moins de trois mois du premier tour de l’élection présidentielle. Surtout sur fond de lassitude générale vis-à-vis d’un Covid dont l’exécutif ne saurait évidemment être tenu pour responsable, mais qui n’incline pas vraiment les électeurs à la bonne humeur … Et hier encore, après que M. Blanquer eut fait sur les ondes de France-Info une sorte de mea culpa, ont été successivement annoncées deux mesures gouvernementales jugées susceptibles par le pouvoir de remonter, au moins un petit peu, le moral des troupes.
La première concerne les tarifs de l’électricité, dont tout le monde redoutait un accroissement vertigineux. Cette hausse sera finalement limitée à 4% toutes taxes comprises, contre les 44 % hors-taxes prévus sans l’intervention de l’Etat. Cette largesse du pouvoir coûtera tout de même aux contribuables huit milliards d’euros … Quant au mythique Livret A de la Caisse d’épargne, il rapportera dès le mois prochain, aux 55 millions de Français qui en possèdent un, 1% par an au lieu de 0,5. Mais avec une inflation qui flirtera avec les 3%, le cadeau reste lui aussi des plus mesurés.
Il n’empêche: le climat, du côté du pouvoir, est manifestement aujourd’hui à l’apaisement des conflits syndicaux, et des inquiétudes de l’opinion. „Quoi qu’il en coûte“, comme il avait dit à propos du Covid. Le risque pour le locataire de l’Elysée étant que sa mansuétude actuelle ne donne des idées aux porteurs d’autres revendications économiques ou sociales …
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