FranceLe polémiste d’extrême droite Zemmour annonce sa candidature à l’Elysée

France / Le polémiste d’extrême droite Zemmour annonce sa candidature à l’Elysée
Zemmour a complètement raté son récent déplacement à Marseille – depuis hier il est officiellement candidat à la course à l’Elysée  Photo: AFP/Nicolas Tucat

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C’est la fin d’un secret de Polichinelle: le polémiste d’extrême droite Eric Zemmour est bel et bien candidat à l’élection présidentielle du printemps prochain.

Eric Zemmour faisait campagne sans oser encore le dire officiellement, sous couleur d’assurer la promotion de son dernier livre, de conférences en réunions, lesquelles réunissaient un public important (et, ce qui n’est pas courant, payant).

Et il l’a fait, hier à midi, avec une vidéo qui aura achevé de lever les derniers doutes sur ses intentions électorales, puisqu’il y a notamment déclaré: „Mes chers compatriotes, comme vous, j’ai décidé de prendre notre destin en main. Il n’est plus temps de réformer la France, mais de la sauver. J’ai décidé de me présenter à l’élection présidentielle. (…) Vive la République, et surtout vive la France!“

Il était temps pour lui de se déclarer. Non que le suspense ait pu paraître insoutenable à quiconque. On pouvait déjà voir sur certains murs des villes de l’Hexagone des affiches demandant, sous son portrait: „Zemmour président!“. Ses porte-parole se produisaient sans attendre sur les plateaux de télévision, et de toute façon ses conférences, même suivies de séances de dédicace, tenaient beaucoup plus du meeting politique que de la causerie littéraire.

Mais justement: le faux mystère, le genre de ces rencontres, et même la rhétorique monomaniaque qu’il y développait quant à l’immigration, supposée préparer le „grand remplacement“ du peuple français par cette foule anonyme et dangereusement musulmane venue d’ailleurs (toujours d’Orient ou d’Afrique, en fait), tout cela commençait à lasser un peu.

Une percée fulgurante, puis …

La percée de Zemmour, les sondages en auront témoigné, avait été fulgurante. Surtout pour un non-encore-candidat qui ne s’appuyait sur aucun parti et avait même à dynamiter d’abord, au sein de l’extrême droite, la candidature d’une rivale beaucoup plus rompue que lui, fût-ce sans succès, à l’exercice de la course à l’Elysée: Marine Le Pen. Mais cette dernière, d’abord éclipsée par son challenger nationaliste, avait reconquis du terrain, et le devançait même à nouveau, selon les derniers sondages, dans la perspective du premier tour.

C’est donc dès hier, sans attendre le grand meeting qu’il doit tenir dimanche prochain à Paris, que Zemmour a décidé de s’afficher. D’abord par cette vidéo „disruptive“, comme disent les communicants, c’est-à-dire en rupture avec les usages, puis par une longue interview le soir sur TF1. Tout cela le jour où Macron faisait entrer au Panthéon la haute et vaillante figure de Joséphine Baker, vedette américaine du music-hall parisien dans les années trente, avant de devenir une combattante de la Résistance française puis d’adopter douze petits enfants recueillis un peu partout dans le monde. Et noire …

Ce n’est pas le seul défi qu’avec cette vidéo Eric Zemmour ait lancé à ceux qui rappellent inlassablement ses orientations raciales. Et aussi ses jugements plus que cléments à l’égard du régime collaborationniste du maréchal Pétain, qui aurait même, selon lui, „sauvé les juifs français“ pendant l’occupation nazie – ce qui n’empêche pas le polémiste de se réclamer du général de Gaulle, que Pétain avait fait condamner à mort!

Un évident manque de „poids lourds“

Il s’est d’ailleurs appliqué – très mal – à imiter dans cette vidéo la dramaturgie de l’Appel du 18 juin 1940. Et à opposer les décennies soixante et soixante-dix à la déchéance dans laquelle la France aurait roulé. „Vous n’avez plus l’impression de vivre dans le pays que vous connaissiez“, a-t-il notamment lancé aux Français d’aujourd’hui. Toujours à cause des immigrés, et aussi de l’Europe, voleuse de souveraineté nationale …

Reste que Zemmour, à l’évidence, peine à recruter pour sa campagne des poids lourds, ou même mi-lourds, de la politique. Son récent déplacement à Marseille, complètement raté, aura achevé de montrer combien il lui manquait de vrais spécialistes de l’action politique, qu’une poignée de jeunes gens exaltés ne saurait remplacer.

Sa déclaration de candidature va-t-elle lui valoir un petit rebond dans les sondages? C’est un phénomène classique. Mais le chemin jusqu’à l’Elysée semble décidément, pour lui qui n’est certes pas dépourvu de talent polémique, mais l’est radicalement d’expérience politique, devoir être pavé de beaucoup de difficultés.