Souplesse budgétaireLa France salue Angela Merkel, mais attend beaucoup de son successeur

Souplesse budgétaire / La France salue Angela Merkel, mais attend beaucoup de son successeur
Emmanuel Macron ensemble avec Angela Merkel et Olaf Scholz à Rome Photo: AFP/Gregorio Borgia

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Paris, qui a évidemment suivi avec une grande attention l’élaboration du pacte de gouvernement de la coalition qui s’installe au pouvoir à Berlin, sous la direction du social-démocrate Olaf Scholz, va maintenant guetter avec autant de vigilance les premiers pas de cette nouvelle équipe. Et cela après une très longue période Merkel.

Mme Merkel était incontestablement populaire dans l’Hexagone. D’abord parce que les Français ont toujours un a priori admiratif pour les femmes qui dirigent un gouvernement – même si, à la courte exception d’Édith Cresson en 1991-1992, ils se gardent bien d’en tirer les conséquences pour eux-mêmes. Mais aussi parce qu’ils croyaient percevoir en elle une bienveillance (à éclipses, tout de même) pour la France.

Et puis, elle aura dominé leur paysage diplomatique, en tout cas européen, sous quatre présidences élyséennes: celles de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron. C’est d’autant plus important, même inconsciemment, que les relations entre les deux pays se sont, plus qu’avec aucun autre partenaire de Paris, incarnées dans des tandems de personnalités, hors de tout lien idéologique: De Gaulle et Adenauer, Giscard et Schmidt, Mitterrand et Kohl, puis, face à des présidents français qui changeaient, l’inusable „dame de fer“ de Berlin …

Renégocier le Pacte de stabilité

La grande question étant maintenant de savoir jusqu’où son successeur social-démocrate, qui fut après tout, à partir de 2018, son vice-chancelier et ministre des Finances, épousera en matière économique l’évolution amorcée par Angela Merkel ces toutes dernières années. Évolution qui, relayée par l’Union européenne, grâce à Berlin, permit à la France, face à la pandémie de Covid, de se lancer dans cette politique du „Quoi qu’il en coûte“.

Laquelle allait en effet coûter énormément à la dette française, mais lui permettre de traverser la crise – au moins jusqu’à présent – sans désastre industriel et social.

A ce stade, on note avec intérêt, côté français, qu’un assouplissement du pacte de stabilité et de croissance adopté en 1997 pour limiter le déficit budgétaire des Etats membres à 3% de leur PIB et leur dette publique à 60% semble envisagé par la nouvelle équipe allemande, de même que la possibilité de perpétuer l’instrument d’une dette commune européenne créé par le plan de relance anti-Covid de juillet 2020.

La France considère en effet que ce pacte de stabilité est devenu anachronique, mais elle n’ignore pas que sa renégociation, face aux pays dits „frugaux“, sera délicate, et que la position de la République fédérale probablement déterminante à cet égard. La question étant maintenant, estime-t-on à Paris, de savoir quelle sera l’influence personnelle du nouveau ministre allemand des Finances, le libéral Christian Lindner, jusqu’alors partisan d’une stricte orthodoxie budgétaire.

Rome, autre partenaire majeur?

Même remarque pour le renouvellement de l’expérience du plan de relance, qui a été très bienvenue en France. „Un ministre allemand des Finances reste un ministre allemand des Finances“, avait solennellement averti Olaf Scholz en 2018, évoquant avec rigidité les fonctions qui étaient les siennes à l’époque. Mais les temps ont changé, et Mme Merkel, se souvient-on à Paris, a su en tenir compte …

La France va par ailleurs prendre le 1er janvier prochain pour six mois la présidence tournante du Conseil européen. Emmanuel Macron est d’autant plus soucieux d’en faire un moment important de la construction communautaire que c’est pendant ce semestre qu’aura lieu l’élection présidentielle française. Raison de plus pour espérer que le grand partenaire allemand ne lui compliquera pas les choses!

Car on sait bien à Paris que, si la République fédérale n’est pas plus que n’importe quel autre pays membre, le „patron“ de l’UE, rien de réellement important ne peut s’y faire sans elle, ni sans un bon fonctionnement du tandem Paris-Berlin. Quitte, comme Macron vient de le faire à Rome, grand traité bilatéral à l’appui, à faciliter aussi l’émergence de l’Italie comme autre partenaire privilégié de la France dans le concert européen. Et cela d’autant plus que le retrait britannique a fait de ce pays la troisième puissance économique de l’Union.