Elections régionales en FranceLes lepénistes piétinent, la droite et la gauche classiques résistent

Elections régionales en France / Les lepénistes piétinent, la droite et la gauche classiques résistent
Après avoir voté à la mi-journée au Touquet (Pas-de-Calais), le président de la République Emmanuel Macron suivait la soirée électorale avec ses conseillers à l’Elysée Photo: AFP/Christian Hartman

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Le premier tour des élections régionales et départementales françaises a été marqué hier, comme on s’y attendait, par une abstention considérable qui rend plus incertaine l’interprétation de ses résultats, dont le détail ne devait être connu que tard dans la soirée. Mais avant même de connaître les chiffres complets, plusieurs leçons semblaient se dessiner.

La première, la plus éclatante, est que le Rassemblement national n’a pas enregistré la poussée qu’il escomptait et que lui prédisaient les sondages. Son score s’établit, sur l’ensemble des régions et départements, aux alentours de 18% des suffrages exprimés; avec, certes, des points plus forts, mais même là, il est loin de la position déterminante qu’il espérait. A l’exception de la région PACA, où son chef de file, Thierry Mariani, devance le président républicain sortant, Renaud Muselier – et encore son avance s’est-elle révélée fondante au fur et à mesure que s’affinaient les estimations.

Quant aux Hauts-de-France, son candidat Sébastien Chenu ne dépasse guère 24%, soit … 20 points de moins que le président sortant, Xavier Bertrand, et environ 16 de moins que Marine Le Pen lors du précédent scrutin régional en 2015. Bertrand – qui s’est d’ailleurs aussitôt lancé dans un discours qui n’était pas sans évoquer, sans les mentionner explicitement bien sûr, ses ambitions présidentielles – a assuré que „la politique n’est pas morte“, qu’elle „a encore un sens“ et a conclu par un vibrant „Vive la République, vive la France!“. Son adversaire macroniste, le ministre Laurent Pietrazchewski, pourtant soutenu par quatre de ses collègues du gouvernement, n’atteint pas, oui, 10%!

C’est, il est vrai, la deuxième leçon de ce double scrutin: la majorité présidentielle n’a décidément, sur le terrain, de „majorité“ que le nom … Ses candidats, au total, atteignent à peine 11 pour cent des votants. Le parti présidentiel paie là – fort cher – son incapacité à s’implanter localement; et aussi le fait qu’en ces temps d’incertitudes diverses, il y a manifestement eu une „prime aux sortants“, qu’ils soient de droite ou de gauche. Des sortants dont, dans les régions comme dans les départements, LRM ne disposait guère, puisqu’elle n’existait pas lors des derniers scrutins comparables.

Deux électeurs sur trois n’ont pas voté

La gauche, elle, si mal en point qu’elle soit depuis des années, paraît en mesure de préserver l’essentiel de ses positions locales, même si son score global, hors extrémistes, ne dépasse sans doute pas les 17%, trois points de moins qu’il y a six ans. Il est vrai qu’elle disposait cette fois-ci du renfort des Verts dans plusieurs régions; mais les socialistes, globalement, continuent de devancer légèrement leurs demi-alliés écologistes, ce qui aura peut-être des conséquences lorsqu’il s’agira de choisir un candidat pour l’élection présidentielle.

Autre grand enseignement de la double consultation électorale d’hier: le parti LR, qui offrait ces dernières semaines le spectacle de la division – certains disaient même: d’un début de dissolution – se tire finalement bien mieux que prévu de ce qui paraissait il y a quelques jours encore une redoutable épreuve. La droite est, il est vrai, servie par quelques „grands“ présidents régionaux sortants: Xavier Bertrand et Renaud Muselier déjà cités, mais aussi, en Ile-de-France, Valérie Pécresse, à qui la victoire ne paraît pas pouvoir échapper dimanche prochain, et, en Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, qui semble assuré lui aussi de conserver son siège.

Mais un point au moins semblait, hier soir, faire l’unanimité chez les commentateurs: que deux électeurs sur trois n’aient pas jugé utile d’aller voter constitue un avertissement accablant pour l’ensemble de la classe politique française. Laquelle ne pourra pas s’en tirer en invoquant simplement le Covid qui s’éloigne et les vacances qui approchent.