Musée du Luxembourg / L’art au féminin: une exposition virtuelle consacrée aux femmes peintres de 1780 à 1830
Le Musée du Luxembourg propose une exposition virtuelle consacrée aux femmes peintres de 1780 à 1830. Si les femmes font un retour en force et si le féminisme a changé au profit d’une stratégie plus frontale, les femmes artistes ont souvent dérangé. L’histoire de l’art les a parfois oubliées, à part quelques figures clés. Cette exposition revisite une époque et redonne le nom de femmes peintres qui ont compté, ainsi que les moments pivots où l’art au féminin s’est affranchi de la hiérarchie des genres et de l’académisme.
La visite commence de façon fort „aimable“, avec la citation de l’Abbé de Fontenay (Journal général de France, juin 1785): „…comment pourront-elles trouver assez de temps pour être à la fois épouses soigneuses, mères tendres & surveillantes, chefs vigilants de leurs domestiques, & peindre autant qu’il est nécessaire pour le faire bien?“ Voilà qui d’emblée donne le ton et précise le statut de la femme de cette époque. On la veut au foyer. L’art est une affaire d’homme, ceci d’autant plus que la peinture d’histoire domine et que l’étude des nus, pour traiter de cette histoire à la façon antique, ne peut leur être accessible, pudeur oblige. Les clichés et les interdits ont la part belle. Sauf que les femmes ont pris part au siècle et aux mutations de l’art. Certaines ont eu un succès qui a perduré jusqu’à nous, comme Elisabeth Vigée Le Brun et Adélaïde Labille-Guiard, admises à l’Académie en 1783. Leurs admissions ont inquiété, elles mettaient en péril la peinture d’histoire. Mais la révolution éclate, l’Académie royale de peinture est abolie en 1793. Les femmes exposent dans les salons révolutionnaires, passant du dilettantisme à la profession de peintre.
Le renversement des codes
A la peinture d’histoire, à la peinture monumentale, qui étaient les genres nobles, les femmes ont amené le charme des petits formats, des autoportraits et des portraits, tout en allant fréquenter pour certaines la peinture d’histoire. La formation aux arts des jeunes filles, dans des ateliers qui leur étaient réservés, étaient pour les familles l’occasion d’une meilleure éducation et d’un meilleur mariage. Mais très vite les perspectives se sont élargies et les femmes se sont mises à peindre, allant jusqu’à l’étude des nus, certaines faisant vivre leurs foyers de leur art.
L’„Autoportrait de l’artiste peignant le portrait de l’impératrice Maria Fédorovna“ (1800, huile sur toile) d’Elisabeth Vigée Le Brun est un exemple du renversement des codes. Celle-ci se représente simplement, le regard frontal, et dresse un autoportrait de l’artiste au travail. Âgée de 45 ans, Elisabeth Vigée Le Brun esquisse sur la toile, à la mine de plomb, les traits de l’impératrice. Dépouillement de l’atelier, sobriété des couleurs, air naturel et surtout moqueur, avec la particularité, étrange pour l’époque, de sourire en montrant ses dents. Même si Elisabeth Vigée Le Brun a connu le succès, les critiques n’en ont pas été moins sévères de la part des conservateurs.
Les femmes poursuivent leur chemin. L’ère républicaine leur ouvre un espace qu’elles investissent de plus en plus. 70 œuvres de femmes peintres connues ou ramenées à la lumière témoignent ici de l’intelligence et de l’inlassable combat qu’elles ont mené. Chacune à sa façon, avec art, délicatesse, subtilité et parfois en se confrontant au grand style. Ainsi de „La mort de Malek-Adhel“ (1814, huile sur toile) de Césarine Davin-Mirvault. Par son format monumental, cette œuvre relèverait de la peinture d’histoire si elle n’était pas inspirée d’un roman de Sophie Cottin, „Mathilde ou Mémoires tirés de l’histoire des croisades“ (1805). Les romans à l’époque étaient surtout réservés au lectorat féminin. Ici, Malek-Adhel, guerrier musulman, par amour pour Mathilde et sur le point de mourir, décide de se convertir au catholicisme. La peinture reprend les codes classiques. Trois personnages disposés selon un plan pyramidal, un escarpement rocheux pour décor, sur la gauche un pan de paysage.
Leur place dans l’histoire
Mathilde est représentée comme une sainte. Et les attributs de Malek-Adhel, posés au premier plan, une dague, une épée courbée, et des bibelots, renforcent l’imaginaire d’un Orient fantasmé et d’un guerrier éprouvé. Césarine Davin-Mirvault opère ici une savante synthèse entre scène de genre et peinture d’histoire. Ailleurs, les femmes n’hésitent pas à se représenter telles des héroïnes antiques, empruntant leurs poses à la statuaire, ceci en faisant preuve d’érotisme.
Constance Mayer, avec son „Autoportrait“ (vers 1801, huile sur toile, choisit un mode plus intimiste, d’une facture simple et sobre. Accoudée sur un guéridon, revêtue d’une robe blanche à la mode, l’artiste traite la figure avec dépouillement et le fond, un pan de mur brun, vient souligner l’arrondi des épaules. Ainsi défilent les multiples variations et nuances d’un monde de femmes peintres à la virtuosité égale à celle des artistes masculins de leur époque.
Certaines n’ont pas traversé l’histoire. Cette exposition leur redonne leur place. Signalons l’excellente qualité de la visite virtuelle. Documentée, riche de détails, elle permet d’approcher les œuvres et de les contempler.
Info
Visitez l’expo „Peintres femmes“ depuis chez vous: www.museeduluxembourg.fr
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