FrancePour la présidentielle de 2022, plusieurs outsiders s’affairent déjà

France / Pour la présidentielle de 2022, plusieurs outsiders s’affairent déjà
La maire de Paris Anne Hidalgo veut „faire entendre sa voix“ Photo: Stéphane de Sakutin/AFP

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L’âpreté de l’offensive contre le Covid-19 le fait un peu oublier au grand public en France, mais une autre bataille, purement politique celle-là, commence à se déployer de manière encore discrète: celle qui, dans guère plus d’un an, devra désigner le nouveau titulaire du bail quinquennal de l’Elysée.

De l’extrême gauche à la droite modérée, on fait le même triple constat: 1) Le phénomène Macron, plébiscité en 2017, a beaucoup déçu, et a de toute façon perdu l’attrait de la nouveauté; 2) En quatre ans, la majorité présidentielle ne s’est pas imposée comme parti, La République en Marche restant, au mieux, un groupe parlementaire, sans militants ni relais locaux; mais 3) Pour lui faire face, aucune grande figure ne s’est imposée comme candidat évident.

A quoi nombre de commentateurs ajoutent traditionnellement que „les Français ne veulent plus se laisser enfermer dans le duel Macron-Le Pen du second tour de la dernière fois“ … quitte à oublier que pour l’instant, c’est tout de même bien à ce schéma, très réducteur en effet, que les intentions de vote exprimées dans les différents sondages semblent inexorablement conduire.

Plane aussi, tant sur la gauche que sur la droite, le spectre des primaires particulièrement calamiteuses de 2017. Celles-ci avaient abouti, pour le PS à la désignation de Benoît Hamon, qui allait conduire son parti au score le plus bas de son histoire; et pour les Républicains, à celle de François Fillon, empêtré dans des scandales qui empêcheraient même la droite d’être présente au second tour, pour la première fois sous la Ve République. C’est dire que le procédé a laissé beaucoup de mauvais souvenirs, ce qui incite aussi certaines personnalités à tenter l’aventure en solo.

A droite: Pécresse, Bertrand … ou Philippe?

Et ces derniers temps, ce sont bien, en effet, des outsiders qui retiennent l’attention. C’est tout particulièrement le cas, à droite, de deux francs-tireurs des Républicains: Valérie Pécresse et Xavier Bertrand. L’une et l’autre sont présidents d’importantes régions: l’Île-de-France pour la première et les Hauts-de-France pour le second. L’une et l’autre brigueront leur propre succession à la tête de l’exécutif régional en juin prochain; et dans les deux cas avec l’espoir de ne pas en rester là, puisque, sans le dire encore clairement pour Mme Pécresse, beaucoup plus officiellement pour M. Bertrand, c’est en fait l’Elysée qu’ils visent.

L’une et l’autre ont été ministres de Sarkozy, puis ont pris leurs distances vis-à-vis du parti LR et fondé leur propre groupe de réflexion. Mais si Valérie Pécresse estime que „le temps des campagne n’est pas encore venu“, Xavier Bertrand, lui, a lancé sa candidature en se présentant comme le „candidat du redressement de la France“. Plus récente est l’apparition du nom de Michel Barnier, désormais délivré à Bruxelles des négociations du Brexit, et qui a constitué à toutes fins utiles son propre „think tank“ …

Dernier venu dans l’arène encore virtuelle: Edouard Philippe, resté proche d’Alain Juppé mais ancien premier ministre, lui, de … Macron lui-même. Ce qui fait qu’on l’imagine mal se lancer dès 2022 dans la course présidentielle, en tout cas si ce dernier se représente. M. Philippe sort toutefois ce mercredi en librairie un livre de réflexions et de souvenirs de Matignon, „Impressions et lignes claires“, qui refait parler de lui au moment où sa cote de popularité est au zénith.

A gauche, Hidalgo et la quête d’union

A gauche, c’est plutôt la bataille pour l’union qui fait rage. De nombreux responsables – au PCF, au PS, chez les Verts et les mélenchonistes – appellent au rassemblement, mais de préférence autour de leur personne, de leur programme et de leur parti. C’est dire que, pour l’instant du moins, ces démarches restent largement infructueuses. Mais une personnalité semble au moins trancher sur cette cacophonie paradoxale des partisans de l’union: celle de la maire PS de Paris, Anne Hidalgo.

Non que les sondages lui accordent à ce stade beaucoup de chances de l’emporter, elle qui avait juré, lors des dernières municipales, qu’elle resterait fidèle à son mandat parisien. De surcroît, la gestion de Mme Hidalgo dans la capitale est controversée (s’agissant en particulier de la circulation, de la saleté et des attributions de logements „sociaux“), et elle n’avait dû sa reconduction qu’à ses alliances électorales avec, notamment, les Verts, dont elle explique maintenant qu’ils ont „un problème avec la République“.

Mais elle s’est lancée dans une vaste tournée provinciale qui a manifestement pour but de convaincre les électeurs non-parisiens qu’elle pense aussi à eux, et qu’elle aurait des solutions à leur proposer. Elle ne manque jamais une occasion d’assurer, sur les plateaux de télévision, qu’elle souhaite „peser sur la campagne présidentielle“ et „faire entendre sa voix“. Celle de la première élue locale de France, ou carrément celle d’une candidate – elle aussi en quête d’union?