L’histoire du temps présentFake news sur l’architecture eschoise

L’histoire du temps présent / Fake news sur l’architecture eschoise
Perspective du projet du Monument aux Morts par Nicolas Schmit-Noesen et Laurent Schmit (novembre 1954) Illustration: Collection LAM Lëtzebuerger Architektur-Musée

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Le nouveau guide Marco Polo sur Luxembourg a donné lieu à de nombreuses discussions sur les médias sociaux en raison de son chapitre sur Esch. Je ne souhaite pas commenter ici les jugements de valeur sur la métropole du Bassin minier dans le guide, jugements que je ne partage pas dans beaucoup de cas. Des goûts et des couleurs … Je voudrais néanmoins commenter et réfuter une comparaison déplacée et erronée entre le Musée national de la Résistance d’Esch et l’architecture nazie. Citons le Guide Marco Polo: „Ähem, das Teil sieht zwar irgendwie aus, als hätte Hitlers Lieblingsarchitekt Albert Speer es entworfen, beherbergt aber das Musée de la Résistance (…).“

Le monument et le musée, conçus par les architectes eschois Nicolas Schmit-Noesen et Laurent Schmit – un des 94 élèves du Lycée de Garçons Esch arrêtés après la grève de 1942 contre l’occupant nazi et internés pendant plusieurs mois à Burg Stahleck – dans les années 1950 pour la Ville d’Esch, ne s’inscrivent pas dans une tradition architecturale national-socialiste. Comme d’autres bâtiments publics au Luxembourg et dans une bonne partie du monde au 20e siècle, que ce soit à Paris, Washington, Tokyo, Madrid, Rome, Berlin, Helsinki ou Rio de Janeiro, le musée s’inspire de l’architecture classique.

Dans le cas du Musée national de la Résistance, ces éléments classiques s’expliquent d’une part par l’origine du projet et d’autre part par la formation et la personnalité des architectes. Sur les origines du musée: le projet remonte à une revendication de la section eschoise de la Ligue luxembourgeoise des prisonniers et déportés politiques (LPPD). Elle craint que la résistance et les résistants, et ce pourquoi ils sont morts, soient oubliés. Voilà pourquoi, dans un mémoire adressé à la Commune en 1949, la LPPD réclame un grand monument dans le centre-ville: „Une humble pierre tombale, cachée sous des arbres, a suffi à de grands hommes. C’est vrai. Nous désirons par contre qu’ici à Esch notre Monuments aux Morts soit vraiment ‚monumental’.“

„Vraiment monumental“

La Ville d’Esch accepte et organise un concours pour un ensemble architectural impressionnant de trois bâtiments. Le monument lui-même, autour d’un sarcophage avec l’inscription „Morts pour la patrie“, doit être relié à deux bâtiments administratifs, l’Office du travail et la Justice de paix, ainsi qu’un petit musée. Le programme du concours prévoit: „L’ensemble est à concevoir de manière à créer un cadre digne d’un Monument aux Morts. Il semble indiqué de ne pas aménager des fenêtres dans les façades donnant directement sur la place du Brill. (…) On joindra, en principe, par une colonnade les bâtiments.“

C’est exactement ce que conçoivent Nicolas Schmit-Noesen et son fils Laurent avec leur projet „Souvenez-vous“, ce qui leur permet d’être retenu (ex-aequo avec les projets des architectes René Fournelle, „Memento“, et Pierre Bauler, „Résistance“) par un jury composé du bourgmestre Antoine Krier, de l’ancien résistant Ed Barbel, de quatre architectes et d’un géomètre luxembourgeois ainsi que d’un ingénieur de Zurich et d’un architecte de Metz. Le collège échevinal se décide en fin de compte pour les architectes eschois.

Tant la référence à l’architecture classique avec la double colonnade que les façades sobres vers la place du Brill sont le résultat des consignes de l’organisation de résistance et de la Ville d’Esch. Comme le souligne l‘historien de l’art Stefan Heinz, la variation des façades du Musée de la Résistance est une grande réussite: ce qui fonctionne vers la place du Brill comme une architecture mémorielle et représentative, avec la halle des colonnes à ciel ouvert et les deux grandes surfaces murales aux deux inscriptions, l’une en honneur des héros de la résistance, l’autre en honneur des héros du travail, fonctionne sur les côtés comme un immeuble de bureaux avec une façade régulière.

Un autre élément classique a été prescrit par la LPPD et la Ville, à savoir quatre gros blocs de pierre avec des bas-reliefs représentant le travail dans les usines, les mines et les ateliers, l’Occupation, la grève de 1942, les camps de concentration, l’enrôlement forcé, les passeurs, les maquisards, la déportation, les exécutions, la Libération et la reconstruction. Il s’agit d’une œuvre des sculpteurs luxembourgeois Claus Cito, Emile Hulten et Charles Kohl.

Le style architectural s’explique également par la formation et la personnalité de l’architecte eschois. Nicolas Schmit-Noesen n’est pas seulement connu pour avoir construit le musée de la Résistance. Il est (à partir des années 1950 avec son fils) le concepteur ou co-concepteur de nombreux bâtiments d’envergure. Citons-en quelques-uns: le bâtiment de la Poste à Esch (avec Paul Flesch), le pavillon du Luxembourg à l’Exposition universelle de 1937 à Paris, les cinémas Rex et Empire à Esch, le Lycée des jeunes filles à Esch, l’Athénée (avec Pierre Grach), la Villa Louvigny (avec d’autres architectes), la BIL à Esch et à Luxembourg, le Foyer, le grand magasin Meta Brahms ainsi que de nombreuses maisons privées. Stylistiquement, les créations sont très éclectiques, s’inspirant parfois du Modernisme, parfois de l’Art déco, parfois de l’architecture classique.

Un élève des Beaux-Arts de Paris

Il est très important, par rapport à la comparaison incompréhensible de Schmit-Noesen avec Speer, de souligner que l’architecte eschois fut un élève de l’Ecole nationale des Beaux-Arts de Paris. L’école est en même temps le prototype de l’enseignement classique, „des étudiants nourris au lait gréco-latin“ et connue pour le fait que les architectes qu’elle forme empruntent des formes ornementales de l’Antiquité tout en les adaptant librement. Les colonnes du Musée de la Résistance rappellent l’Antiquité mais Nicolas Schmit-Noesen leur donne une forme complètement différente.

Les nombreuses références à l’Antiquité dans son œuvre s’expliquent également par le fait que Schmit-Noesen était un libre penseur, pour lequel l’esthétique gréco-romaine était associée à des traditions rationnalistes et laïques. On retrouve cette esthétique chez un autre architecte et libre-penseur eschois, Paul Flesch, déjà évoqué. Dans ses recherches, Henri Wehenkel a souligné que le Musée de la Résistance rappelle les premiers plans d’un Monument du Souvenir concernant la Première Guerre mondiale, réclamé en 1920 par le cheminot, député, libre-penseur et gymnaste Aloyse Kayser. Dans un article du journal Le Gymnaste, intitulé „Le Stade du Souvenir“, Kayser envisage une sorte de temple des droits de l’homme, avec comme élément principal une colonnade avec des sculptures et une inscription: „La défense de la civilisation par les soldats du Droit et de l’Humanité.“

Les architectes Nicolas et Laurent Schmit-Noesen entendent eux aussi construire un temple pour commémorer la Résistance avec leur trilogie de bâtiments autour des valeurs de liberté, de justice et de travail. Et ils l’écrivent noir sur blanc: „Nous avons jugé nécessaire de mettre le monument en profond recul derrière une cour d’honneur, créant une zone de recueillement entre la vie de la rue et le sanctuaire. Pour souligner encore cette idée et à l’exemple des temples antiques, la cour d’honneur a été entourée de hautes colonnes pour en faire une cathédrale à ciel ouvert. Nous espérons fortement avoir réussi à imposer à quiconque franchit les quelques marches devant la cour d’honneur et qui dépasse les colonnades, le sentiment de se trouver en lieu saint, l’obligeant de se comporter dignement.“

Temple, sanctuaire, cathédrale. Le Musée de Nicolas Schmit-Noesen et de Laurent Schmit se nourrit de nombreuses références, mais Albert Speer et son architecture n’en font pas partie. Il s’agit d’un bâtiment unique et d’un emblème de la Ville d’Esch, comme le montre la belle perspective que nous publions ici avec l’aimable autorisation de l’architecte et président du Lëtzebuerger Architektur Musee (LAM) Alain Linster. La rénovation en douceur actuelle du Musée par le bureau d’architectes Jim Clemes lui permettra non seulement de retrouver toute sa splendeur, mais aussi, par un éclairage moderne de l’impressionnant ensemble, une meilleure intégration du monument dans le parc de la place du Brill (aujourd’hui place de la Résistance).

En revanche, si vous êtes intéressés par des plans d’urbanisation et d’architecture nazis peu connus, plans réalisés pendant l’Occupation pour Esch et pour Luxembourg-ville, je vous conseille de jeter un coup d’œil dans les travaux de recherche récents de l’historien de l’art Stefan Heinz, déjà mentionné. De 2014 à 2016, il a analysé dans un projet de recherche de l’Université du Luxembourg l’urbanisme national-socialiste, conçu sous la direction du Stadtbaurat allemand Hubert Ritter pour la ville de Luxembourg et Esch de 1941 à 1944 (cf. article dans la Hémecht de 2017: http://www.eluxemburgensia.lu/ark:70795/zcd68bfvt#page=103). Des plans de Ritter sont actuellement montrés au public dans l’exposition „Fouillez les Archives de la Ville de Luxembourg!“ du Musée d’histoire de la ville de Luxembourg. Pour plus de renseignements sur Esch-sur-Alzette sous l’Occupation, veuillez lire le chapitre qui y est consacré par l’historien Georges Buchler dans le „Guide historique et architectural Esch-sur-Alzette“. Mais même ici, vous chercherez en vain un lien avec l’architecte préféré de Hitler, Albert Speer …

Marco Poly
28. Februar 2021 - 14.10

Die Ähnlichkeit zwischen dem Escher Resistenzmuseums und der von Hitlers Lieblings Architekten Albert Speer gebautem Reichskanzlei im damaligen Berlin , kann im Net an Hand von Fotos kaum geleugnet werden. Vielleicht war dies der Grund für die lächerliche augenblicklich im Bau befindliche Fischteichanlage zwischen den Monumentalpfeiler dieser Escher Gedenkstätte. Ein Abriss der an die Nazizeit errinnerden Fassade wäre , meiner Meinung nach im Andenken an die dort eingemeisselten Namen Hitler’s Kriegsopfer angebrachter gewesen ! Aber was soll‘s , Kunst in einer europäischer Kunsthauptstadt hat eben den Vorrang vor Geschichte und anderem Unsinn. Avis aux amateurs er porfessionnels historiens.........

DanV
27. Februar 2021 - 14.31

Tja, Här Scuto, Är Explikatioune sinn interessant, awer fir Leit, déi weder Architektur nach Geschicht studéiert hunn, ass et net "incompréhensible", dass Leit un dem Speer seng Architektur erënnert ginn. 1930er, 40er, 50er Joeren - kann et net sinn, dass an déier Zäit öffentlech Gebaier, déi eppes sollten duerstellen, an deem Stil gebaut gi sinn? Op alle Fall hunn ech mer dat als Excuse fir dat Gebai gesot, éier de Marco Polo an Ären Artikel erauskomm ass. Probéiert emol, Äert ganzt Wëssen ewechzedenken, an et mat den Ae vun engem Lycées-Schüler ze kucken, deen no enger Nazi-Zäit-Geschichtsstonn iwer d'Brillplaz trëppelt.