ForumUn crime de „lèche-majesté“ au Palais grand-ducal?

Forum / Un crime de „lèche-majesté“ au Palais grand-ducal?
 Photo: Editpress/Julien Garroy

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

C’est la question que l’on peut se poser en parcourant l’interview que le nouveau maréchal de la Cour bis vient de donner à un journal en ligne luxembourgeois, début février. Que ce soit clair dès le début: ce crime n’est pas répréhensible, il est très courant dans certains milieux, notamment à la Cour, il est considéré comme un catalyseur de carrière, comme un élément indispensable pour s’approcher un peu plus du trône convoité (second degré!), de quitter enfin le monde des roturiers qui, au Tiers Etat sous l’Ancien Régime, regrettaient de ne pas faite partie de la gente anoblie, même si on avait accumulé titres, postes, indemnités, fric pour en faire comme un sport national et individuel.

Le décor et son importance

La consécration ultime ne réside-t-elle pas dans le fait qu’une fois désigné comme valet de chambre en chef, on ne soit plus obligé de passer des heures à faire antichambre, car possédant dorénavant son propre bureau, au Palais, bien au chaud, devant un radiateur et des lambris autour qui dégagent un vrai flair grand-ducal (cf la photo qui accompagne l’interview)? Dans ses rêves les plus fous il n’aurait jamais pensé y arriver, enfin. Même Stéphane Berne, son idole, y a échoué, c’est vrai que la révolution française a heureusement mis fin brutalement à ces petits jeux.

La mise en scène vaut le détour. Assis donc, les mains croisées, signe d’une certaine soumission religieuse, ou le signe que la personne est dans le contrôle et la concentration. Elle veut faire bonne impression, ne pas déraper. C’est également le signe d’un manque de spontanéité. En général cette attitude est idéale lors d’un entretien d’embauche, si un poste d’organisation est à pourvoir, moins bonne si c’est un poste artistique qui est en jeu. Le regard est évasif, et, en même temps, ignorant superbement la caméra, il semble fixer un objet bien précis. Serait-ce le trône? La certitude d’y être arrivé, enfin, se dégage, après toutes ces circonvolutions et ces cumuls nombreux, l’autosatisfaction n’a plus de limites. Quel plaisir de se regarder dans une glace du Palais ou d’admirer son nombril.
Là où il n’y a pas de limites, il n’y a pas de plaisir.

Puis il y a les mots

Le titre de l’interview est une vraie tromperie sur marchandise: „Pour moi, en tant qu’entrepreneur, la monarchie est indispensable.“ Cette phrase devrait être consacrée „bêtise de l’année“ et elle serait certainement en concurrence avec d’autres déclarations du même auteur. Essayons d’interpréter ces mots qui sont synonymes de verbiage. Il faudrait donc, en tant qu’entrepreneur, pour réussir, pouvoir bénéficier de la bénédiction, du parapluie grand-ducal?

Sérieux ou affirmation de lèche-majesté supplémentaire? Il est vrai que certains hommes politiques, de tous bords, même des socialistes qui avaient proclamé en 1974 l’avènement du socialisme (grand-ducal?), n’ont eu de cesse de répéter que le Grand-Duc peut ouvrir des portes que d’autres ne savent pas faire. Une affirmation gratuite, jamais vérifiée, mais passée, à force de la répéter, dans un sorte d’acquis collectif, regorgée par beaucoup, presse incluse.

Dans la logique de telles affirmations, tout entrepreneur qui ne saurait se prévaloir de la bénédiction grand-ducale aurait donc plusieures longueurs de retards sur les autres, il existerait donc une vraie concurrence déloyale au profit des lèche-majesté?

Dans l’interview sous rubrique, le maréchal de la Cour bis, ou le lécheur de majesté en chef, n’hésite pas à mettre „notre“ Grand-Duc plus haut que le Président de la République française. A force de lécher, aurait-on perdu le sens des réalités? Vous imaginez, le Grand-Duc, en compagnie de son maréchal bis, avoir la priorité de séance, alors que le Président de la République française (cité comme exemple!) doit poireauter dans une salle d’attente? Tu rigoles!

Mais Monsieur, est-ce que vous vous foutez de notre gueule? (C’est d’ailleurs l’impression qui se dégage tout au long de l’interview).

Le roi du mélange des genres, des cumuls à répétition, des changements de pieds et des changements réguliers de chapeau (un chapeau pour toute situation!), un vestiaire qui doit regorger d’une multitude de chapeaux, l’esbrouffe érigée en vérité et en philosophie grand-ducale, ose nous faire la leçon.

Cumul, quand tu nous tiens!

Il est intéressant de noter que ce Monsieur, membre du DP depuis sa plus tendre enfance, pur produit de ce parti fourre-tout qui vient de remplacer le CSV pour, systématiquement, remplacer les cléricaux s’il s’agit de procéder à des nominations dans la haute Fonction publique, Cour grand-ducal comprise. Il n’a pas froid aux yeux quand il s’agit de cumuler, à côté des ses nombreuses implications dans des entreprises du secteur privé, plusieurs postes de la Fonction publique, à la Cour grand-ducale. Administrateur de la Fondation du Grand-Duc depuis peu, il occupait déjà depuis quelque temps également le poste de président de l’Administration des biens du Grand-Duc.

Je ne doute pas que ce Monsieur va bientôt nous raconter que la journée de 34 heures (oui, trente-quatre!) ne lui fait pas peur quand il s’agit d’oeuvrer pour le bien et les biens du Grand-Duc, et, surtout, pour son propre bien, philantrope aux rénumérations multiples qu’il est.

En attendant il nous renseigne sur le fonctionnement de la Fondation précitée. Le financement passe „essentiellement par des dons privés“, plus loin „elle ne reçoit pas de soutien de la part de l’Etat“ (super, mais attention, la phrase continue), „sauf pour des projets bien spécifiques et suite à une demande bien précise. Selon le cas, les ministères qui auraient un tel projet sous leur tutelle pourraient décider d’allouer un soutien ou un subside“. Dans une même phrase, par rapport à un même sujet, on peut donc dire tout et son contraire. Félicitations!

Plus loin, les déclarations sur les frais encourus pour l’organisation récente, par la Fondation grand-ducale, d’un raout, surtout médiatique, sans résultats tangibles ou durables, laissent songeur. Si on a bien compris, tout en lisant également entre les lignes, cet événement, à la gloire de la Grand-Duchesse, pardon, à la gloire de l’épouse du Grand-Duc (respectons quand-même la Constitution), a dû coûter un bras au contribuable. Quel député va s’en enquérir?

Au sein du monde économique dans lequel, tel Obélix, ce Monsieur n’a cessé de baigner, n’a-t-on pas régulièrement su privatiser les bénéfices et nationaliser les pertes, fussent-elles privées?

Autre phrase, pleine de sous-entendus par rapport au financement de cet événement: „Nous (dégustez le pluralis majestatis, c’est pas le Grand-Duc qui parle, mais son gregario premier en rang qui utilise pour sa personne la première personne du pluriel) avons évidemment une responsabilité en tant que Fondation d’être corrects sur les chiffres.“ Question: va-t-on faire analyser (ou „auditer“ pour parler le langage courant du maréchal bis) les comptes de la Fondation par un auditeur externe, neutre, la Cour des Comptes par exemple? Mais de qui se moque-t-on?

Question: Va-t-on bientôt remplacer la couleur rouge de notre drapeau national par la couleur bleue du DP? Mais il y a mieux. Cette Fondation, de la bouche de son administrateur, affirme haut et fort qu’elle se propose de jouer un rôle de libéro dans le cadre de la politique sociale du gouvernement. Elle est prête à recueillir tous ceux qui tombent à travers les filets (étroits) de la politique sociale du gouvernement et des communes. Qu’en pensent les ministres concernés et les nombreux volontaires qui s’impliquent, au niveau communal, dans les Offices sociaux? Et quels critères sont appliqués pour mener à bien une telle politique sociale, privée, qui contourne le gouvernement? Va-t-on vers un Office social grand-ducal bis, national, privé, sous les auspices du Grand-Duc et de ses spires? Non merci!

Des règles claires et précises, bien énoncées et approuvées par les instances ad hoc, et pas à la tête du client!

Le rapport Waringo

Le maréchal de la Cour bis n’est pas tendre avec le pauvre Jeannot, à qui il reproche de ne pas avoir procédé à une audition contradictoire. Il est de notoriété que, dans le privé, les conclusions d’un audit, souvent, se font en collaboration avec les parties concernées. On se montre coopératif car on ne veut pas perdre le marché, il ne fait jamais augurer de l’avenir!

Nulle réponse suite à cette attaque frontale contre le rapport Waringo. Le premier ministre, ordonnateur du rapport, fait le canard et admire la pointe de ses souliers. Mais dites-moi: une fois le rapport sorti, qui a empêché la Cour grand-ducale de prendre position officiellement et publiquement? Sans doute a-t-on préféré régler tout ça en catimini, après des conciliabules, entre quatre yeux, avec le premier ministre. Hélas, avec les résultats qu’on connaît!

Des questions de gestion de personnel

Il est de notoriété que l’épouse du Grand-Duc est à la source de foule de problèmes de personnel à la Cour, les départs nombreux plus ou moins volontaires se succèdent, elle est vorace en consommation d’employés divers, une sorte de mégère apparemment. Une enquête a même été ouverte pour violence physique envers des subordonnés, classée sans suite par le parquet. Deux poids, deux mesures? Récemment, une députée européenne, accusée également de harcèlement ou de mobbing, s’en est sortie moins bien, elle a été suspendue pour quinze jours, indemnités supprimées en plus. Elle doit être jalouse, la pauvre!

On pourrait continuer à gogo cette analyse de texte succincte. Mais réservons la cerise sur le gâteau pour la fin.

La dernière affirmation perce le plafond de l’acceptabilité: „Comme je suis vraiment persuadé que la monarchie NOUS donne beaucoup, c’est pour moi un honneur et un privilège de la servir.“

Je propose la modification suivante à ce bout de texte qui fait dresser les rares cheveux sur la tête: „Comme je suis vraiment persuadé que la monarchie ME donne beaucoup (…).“

A moins qu’une fois de plus, le „nous“ est un pluralis majestatis. Dans ce cas, probable, ma nouvelle version de la phrase est superfétatoire …

PS: Dans un régistre un peu identique nous parvient la nouvelle que trois membres du Conseil d’administration des Hôpitaux Schumann viennent de devancer tout le monde en se faisant vacciner contre le coronavirus, profitant sans gêne de tous les passe-droits que leur position leur confère. C’est à vomir!

trotinette josy
1. März 2021 - 9.18

Pour être digne de foi, citez des noms. Qui est ce maréchal de la Cour bis ?

viviane
27. Februar 2021 - 21.13

"Dans un régistre un peu identique nous parvient la nouvelle que trois membres du Conseil d’administration des Hôpitaux Schumann viennent de devancer tout le monde en se faisant vacciner contre le coronavirus, profitant sans gêne de tous les passe-droits que leur position leur confère. " Lebenslange CSV-Mitglieder sind das so gewohnt.

Till d‘Eil virum Spiggel
26. Februar 2021 - 13.52

Bestandsaufnahme der Upper Class im Marienländchen. „ Nicht alles paletti , aber alles loulou“.