FranceL’émotion ne retombe pas en France – des associations vont être dissoutes et des imams expulsés

France / L’émotion ne retombe pas en France – des associations vont être dissoutes et des imams expulsés
L’hommage national à Samuel Paty se déroulera demain en fin d’après-midi dans la cour de l’université de la Sorbonne Photo: AFP/Anne-Christine Poujoulat

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Le gouvernement prépare une série de mesures contre le terrorisme islamiste après la mort vendredi de Samuel Paty, professeur d’histoire décapité près de son collège quelques jours après avoir montré en classe des caricatures de Mahomet dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression.

L’émotion ne retombe pas en France après l’atroce assassinat, vendredi après-midi à Conflans-Sainte-Honorine, d’un professeur d’histoire et d’instruction civique, Samuel Paty, décapité au couteau dans la rue par un terroriste islamiste tchétchène, Abdullakh A. Les pouvoirs publics préparent un ensemble d’actions contre les extrémistes musulmans, cependant que l’enquête révèle de nouveaux détails significatifs.

Il apparaît ainsi que l’assassin, âgé de 18 ans et qui s’était déjà signalé à la police d’Evreux, ville normande où il résidait, par différents délits – dégradations de biens publics et violences en bande organisée –, n’en avait pas moins bénéficié, en mars 2020, d’une carte de séjour valable jusqu’au printemps 2030, au titre de réfugié. Ce qui va évidemment relancer la controverse à propos de l’attribution de ces cartes sans tenir compte du comportement des demandeurs installés sur le sol français.

En outre, les comportements antérieurs d’Abdullakh A. sont observés à la loupe par les enquêteurs. Il n’était pas suivi par les services de renseignement au titre de la radicalisation. Mais son compte Internet avait été signalé cet été à la plate-forme Pharos, qui tente d’identifier les possibles radicalisés, après y avoir notamment diffusé des images éloquentes à cet égard, notamment de simulacre de décapitation. Ses proches ont d’ailleurs indiqué, lors de leur garde à vue, que le jeune homme s’était bel et bien radicalisé il y a au moins six mois – en gros, juste après avoir bénéficié du statut de réfugié politique … Et dans la journée de son horrible forfait, il était venu proposer de l’argent aux collégiens en échange d’informations qui lui permettraient d’identifier sa victime.

Mais l’enquête porte aussi sur ce qui s’est passé à l’intérieur du collège avant le crime. Et ses conclusions sont embarrassantes pour la directrice de l’établissement, dont il apparaît qu’après la fameuse leçon d’instruction civique sur la liberté de la presse, conforme au programme fixé par le ministère et au cours de laquelle des caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo avaient été montrées, ce qui avait suscité la colère d’un parent d’élève lui-même activiste musulman, elle avait demandé à l’infortuné professeur de faire des excuses. Ce dernier avait de son côté porté plainte pour diffamation après le dépôt de plainte – pour „diffusion d’images pornographiques“! – du parent d’élève, qui le traitait de „voyou“ dans plusieurs vidéos largement diffusées où il demandait son renvoi et menaçait d’organiser des manifestations islamistes.

A l’école, „pas de vagues!“

Cet aspect de la crise interne au collège illustre la grande difficulté des enseignants à faire respecter la totalité du programme qui leur est imparti face à la pression de certains parents qui pratiquent un islam exacerbé … et parfois de leurs propres supérieurs. Comme le déclarait hier un professeur à la télévision, „il ne faut jamais oublier que la devise de l’Education nationale, c’est: Pas de vagues!“ D’origine algérienne, une autre enseignante expliquait pour sa part que lors d’une des grandes manifestations de dimanche, elle s’était vu interdire par son propre syndicat d’arborer des caricatures de Charlie Hebdo, et le drapeau français …

C’est dans ce contexte qu’après le conseil de défense qu’il a présidé sur le sujet, Emmanuel Macron a demandé „qu’on passe rapidement à l’action et qu’on ne laisse aucun répit à ceux qui s’organisent pour s’opposer à l’ordre républicain“. Concrètement, il est prévu un renforcement de la sécurité des établissements scolaires pour la rentrée du 2 novembre. Les ministres de l’Intérieur et de la Justice, Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti, ont ensuite présenté „un plan d’action contre les associations ou personnes proches des milieux radicalisés, qui propagent la haine pouvant encourager les attentats“.

Plusieurs imams extrémistes pourraient, dans ce cadre, avoir maille à partir avec la justice ou être expulsés, et des dizaines d’associations dissoutes. En particulier – ce qui ne manquera pas de faire grand bruit dans les milieux islamistes radicaux – le „Collectif contre islamophobie en France“ (CCIF), notamment soupçonné d’avoir participé au harcèlement sur Internet du professeur décapité vendredi.

citoyen averti
20. Oktober 2020 - 17.05

C'est très grave ce qui s'est passé à Conflans-Sainte-Honorine. Malheureusement l'interprétation de la liberté d'opinion à la française semble avoir mené à ce triste résultat. En France il y a des choses qui sont sacrées sur lesquelles on n'a pas le droit de se moquer et d'autres qui ne le sont pas et sur lesquelles ont peu de moquer. Ceci est probablement senti comme une profonde injustice par certaines personnes, voir communautés. Tant que tout le monde ne sera pas traité de la même façon devant la loi en France il est à craindre que de tels évènements continueront à se reproduire à l'avenir.