Theater FederatiounLa renaissance: une saison 20/21 qui s’annonce ambitieuse

Theater Federatioun / La renaissance: une saison 20/21 qui s’annonce ambitieuse
Sam Tanson, ministre de la Culture, et Claude Mangen, président de la Theater Federatioun, lors de la conférence de presse Photo: Editpress/Fabrizio Pizzolante

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On la sentait monter, l’impatience dans le milieu théâtral. L’envie de remonter sur scène était devenue palpable – six mois sans véritable spectacle, six mois à ronger son frein en se contentant de quelques productions digitales ou, pendant l’été, de spectacles isolés, ça fait long. Pour montrer qu’on n’a pas chômé pendant les mois passés, la Theater Federatioun présentait, lors de sa conférence de presse ce mercredi matin à Neimënster, non seulement un bilan de ce qui s’est fait pendant le lockdown, mais aussi un ensemble de perspectives prometteuses, parmi lesquelles des Assises sectorielles et le lancement de quatre prix théâtraux.   

Ils furent longs, ces mois sans productions théâtrales, la ministre de la Culture Sam Tanson („déi gréng“) est la première à le concéder, qui attire pourtant l’attention sur la persistance de Mamer, des Rotondes et de Neimënster, ces communes et centres culturels qui réussirent à sauver l’été culturel pour tous ceux qui n’étaient pas partis. Plus de 500 événements culturels furent pourtant annulés ou reportés pour cause de pandémie – mais au lieu de désespérer, le milieu théâtral s’est serré les coudes et n’a pas manqué de réagir: de nouvelles synergies ont été créées, les grandes maisons ayant proposé d’abriter les productions des petits lieux théâtraux comme le Centaure, le TOL et le Kasemattentheater, dont la capacité d’accueil avoisinait, depuis l’avènement des mesures sanitaires de distanciation sociale, le zéro.

Le ministère de la Culture ne fut pas en reste, qui, au-delà des cinq millions d’euros alimentant les différents projets de relance, a investi, pour l’année en cours, quelque 2,6 millions d’euros aux 257 intermittents du spectacle, pour lesquels les mesures d’obtention d’aide furent largement assouplies jusqu’à la fin du mois d’août. 3, 7 millions furent versés aux 15 compagnies théâtrales, alors que les quatre fédérations – dont certaines furent récemment conventionnées – purent bénéficier de 230.388 euros – tout cela faisant partie intégrante d’une stratégie du ministère visant à analyser, an par an, un secteur culturel différent afin d’y améliorer le modèle de conventionnement et de subventionnement.

La Theater Federatioun, quant à elle, a passé le confinement en visioconférences, augmentant le rythme de réunions, créant deux groupes de travail, le premier s’occupant des affaires urgentes liées au déconfinement, le deuxième s’intéressant de plus près à la durabilité des différentes productions, tant il est vrai que la plupart des productions luxembourgeoises connaissent une durée de vie assez éphémère. Comme le soulignait hier son président Claude Mangen, la Theater Federatioun avait réagi, fin mai, au plan de relance ministériel par un communiqué indiquant que le secteur ne saurait, sous les conditions de travail qui régnaient alors, reprendre son travail.

Grâce à un échange interne – entre les différentes maisons – et externe – avec le ministère – permanent, la Theater Federatioun a travaillé sur différentes propositions de reprise et de réouverture des maisons, ces propositions visant à protéger au mieux le personnel, les artistes et le public. Les différents centres culturels et maisons théâtrales adapteront ainsi, pour la saison à venir, des mesures différentes, conformes aux spécificités des lieux, ces modèles proposant ou bien le respect d’une distance de deux mètres sans port du masque ou alors un port du masque obligatoire sans distanciation sociale de deux mètres (il est à gager que les lieux plus petits ne pourront espacer chaque membre du public de deux mètres).

Le Theaterfest en 2019: sans masques mais déjà avec des tenues de protection
Le Theaterfest en 2019: sans masques mais déjà avec des tenues de protection  Photo: boshua

La vie en rose

Toujours dans l’optique de promouvoir et de professionnaliser le secteur théâtral local, qu’il s’agit de surcroît d’inscrire dans des réseaux internationaux, la Theater Federatioun a esquissé, lors de la conférence de presse à Neimënster, un plan de bataille intéressant, qui prévoit quelques nouveautés de taille, à commencer par une nouvelle identité graphique qui associe le jaune d’antan avec le rose vif de demain. Outre cette retouche un peu anecdotique, le programme de l’année suivante s’annonce chargé: au-delà de l’indispensable Theaterfest qui aura lieu le 12 septembre, place Clairefontaine, et qui se déroulera de 11 à 17 h sous sa forme plus ou moins habituelle – il y aura des stands, des débats et des ateliers pour enfants – la Theater Federatioun vient d’annoncer qu’elle organisera, le 2 décembre, des Assises théâtre, qui complémentent les Assises culturelles du 26 octobre.

Parmi les trois panels de discussion prévus, un premier proposera une analyse historique du secteur, partant des débuts trébuchants jusqu’à la professionnalisation, le tout visant à mettre sur pied un centre de documentation de l’histoire du théâtre, comblant ainsi, comme l’indiquait Claude Mangen, un domaine délaissé par la recherche scientifique (précisons néanmoins que la publication de Wortproduzenten de Fabienne Gilbert, a déjà commencé à y remédier). Un deuxième panel se penchera sur la situation actuelle des arts du spectacle, évoquant aussi des nouvelles perspectives pour le secteur: des questions de durabilité et d’éco-responsabilité seront analysées, dans l’idée d’éviter la production d’accessoires et de scénographies à usage unique. Enfin, un dernier panel s’intéressera au lien entre presse et théâtre – si la presse est en crise, qu’en est-il de la presse culturelle en particulier, où l’on trouve souvent un seul rédacteur culturel à (essayer de) couvrir l’ensemble d’un secteur prolifique et vaste?

Ensuite, la Theater Federatioun continue à soigner le réseautage international, avec son implication dans la Commission internationale du Théâtre francophone (CITF), pour laquelle elle représente le ministère de la Culture. La CITF a pour but de soutenir des projets théâtraux francophones issus de trois pays de l’espace francophone et repartis sur deux continents. C’est dans ce cadre qu’une bourse permettant à des artistes créateurs de participer à la Pépinière à projets CITF a été créée par le Focuna (l’année dernière, les lauréats étaient Sophie Langevin et Ian De Toffoli). La Theater Federatioun participe également aux rencontres régulières de Quint’Est, qui regroupe des directeurs de lieux culturels des régions Bourgogne-Franche-Comté et du Grand Est. Lors des réunions Quintessence, où des avant-projets et spectacles sont présentés, des producteurs des deux régions (mais aussi d’ailleurs) seront présents, garantissant une visibilité accrue aux artistes et projets.     

Quatre prix nationaux

Autre nouveauté, le Luxembourg sera dorénavant représenté à Avignon avec un spectacle théâtral et un spectacle de danse par an, réagissant ainsi à l’importance accrue que le festival accorde depuis quelques années à la danse. Pour cette première année de transdisciplinarité avignonnaise, le très musical „Sales Gosses“ (dans sa mise en scène de Fabio Godinho) et „The Hidden Garden“ de la danseuse et chorégraphe Jill Crovisier ont été retenus.

Enfin, last but not least, pour remédier au fait que le théâtre ne récompense guère ses productions alors même que l’ensemble des autres secteurs est doté de prix (artistiques, littéraires, filmiques, de danse), le ministère de la Culture créera, pendant la saison 2021/2022, quatre prix nationaux de théâtre, parmi lesquels figurent: un prix national récompensant une œuvre complète (ça a l’air d’être plus ou moins l’équivalent du prix Batty Weber, puisqu’une femme ou un homme seront récompensés pour leur carrière et leur engagement dans le secteur), un prix du jeune espoir et un prix de la meilleure création, pour lequel on a coupé la poire en deux – alors que le premier volet récompense le jeu d’acteur, la mise en scène ou la dramaturgie (par quoi il faut comprendre la dramaturgie au sens allemand, qui implique l’adaptation dramaturgique et la recherche, même si „cela n’exclut pas les auteurs de pièces, si le jury est convaincu de la qualité“, comme Claude Mangen l’a précisé au Tageblatt), le deuxième concerne la scénographie, les costumes, la lumière ou encore le maquillage. La remise des prix aura lieu, comme pour le „Lëtzebuerger Filmpräis“, tous les deux ans.