FranceLes municipales ne semblent guère passionner les électeurs

France / Les municipales ne semblent guère passionner les électeurs
Le premier ministre Edouard Philippe à la rencontre des électeurs à Le Havre Photo: Sameer Al-Doumy/AFP

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

Le second tour des élections municipales françaises, longuement reporté pour cause de pandémie et de confinement (le premier avait eu lieu le 15 mars dernier), est organisé demain dimanche dans un climat psychologique et sanitaire qui fait que les électeurs ne semblent guère avoir la tête à ce scrutin. Ce dernier suscite pourtant un certain nombre de questions.

La première concerne évidemment le niveau de l’abstention. Le 15 mars, celle-ci s’était déjà élevée à 54,5%, un record qui pourrait pourtant être encore dépassé demain: selon un sondage de l’IFOP, moins de quatre Français sur dix envisageraient de voter. Du fait de craintes d’ordre sanitaire, mais aussi par l’effet d’un manque d’intérêt bien paradoxal, puisque les maires sont considérés comme les élus les plus proches du terrain, et donc de leurs électeurs.

Il est vrai que la campagne pour ce second tour, plus encore que pour le premier, a été particulièrement morne en dehors de certaines grandes villes, où – comme à Marseille – elle a au contraire été émaillée d’incidents et d’accusations de fraude, peu aptes, certes, à remobiliser les électeurs. Dans l’ensemble, la méfiance restant de mise face au virus qui circule toujours, on n’aura guère assisté aux traditionnels meetings et tournées de poignées de main.

Autre question globale posée par ce scrutin: La République en Marche arrivera-t-elle à éviter une déroute trop cuisante? Le premier tour avait été sévère pour elle, notamment dans la capitale, où pourtant Emmanuel Macron avait triomphé lors de la présidentielle de 2017; seul Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes publics (autrement dit du Budget) avait été très largement réélu dès le 15 mars à Tourcoing. C’est pour éviter que ne s’amplifie la déconvenue du premier tour qu’au second, le parti du président n’a pas craint de sceller 76 alliances à droite: c’est notamment le cas à Lyon, après la déconfiture du maire sortant et ancien ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, à Bordeaux, à Strasbourg …

Le sort d’Édouard Philippe

Au Havre, où Edouard Philippe tente de récupérer sa mairie face à un candidat communiste, le premier ministre semble finalement assez bien placé pour l’emporter grâce à la désunion entre les Verts et le PCF, et cela dans un scrutin intermédiaire traditionnellement défavorable à la majorité présidentielle et gouvernementale. Cette élection havraise est d’autant plus suivie que l’une des grandes inconnues de l’après-scrutin sera le maintien, ou non, de M. Philippe à Matignon: le chef du gouvernement est paradoxalement victime de sa relative popularité, largement supérieure, dans les sondages, à celle du chef de l’Etat, qui peut en prendre ombrage – et profiter du remaniement ministériel, que tout annonce imminent, pour charger une autre personnalité d’incarner le „nouveau souffle“ d’un quinquennat qui en a en effet bien besoin.

A propos des écologistes, justement, beaucoup s’interrogent: va-t-on assister demain à une puissante „vague verte“? De bons résultats au premier tour, la sympathie de nombre d’électeurs pour les idées de leur parti, EELV (si ce n’est pour leurs pratiques, souvent aussi „politicardes“ que celles des formations traditionnelles), s’ajoutant au fait que le vote écologiste est un peu devenu le vote protestataire type pour ceux qui ne se reconnaissent plus dans aucun autre parti: beaucoup de raisons peuvent en effet leur donner cet espoir.

Reste que les formations traditionnelles, Républicains à droite et Socialistes à gauche, ne semblent pas devoir trop pâtir sur le plan municipal de leur médiocre image nationale, et n’ont pas hésité à constituer dans plusieurs grandes agglomérations de véritables „fronts anti-Verts“. LR a conservé dès le premier tour des villes comme Reims, Toulon, Caen, et ne devrait pas être inquiété à Nice, Saint-Étienne, et même Bordeaux avec l’aide des macronistes face à la poussée verte. Quant au PS, ses grandes municipalités semblent à l’abri de grands changements, souvent, il est vrai, grâce à une alliance avec les Verts comme à Paris (où les adversaires de la socialiste sortante, Anne Hidalgo, lui reprochent d’ailleurs d’en être l’otage), Lille, Nantes, Rennes, Le Mans, Brest, Dijon …

S’agissant, enfin, du Rassemblement national de Marine Le Pen, après un premier tour décevant pour lui, il ne peut guère espérer conquérir demain, parmi les grandes villes, que celle de Perpignan, où son candidat, Louis Alliot, avait obtenu le 15 mars 36% des voix, loin devant le maire sortant.