FranceLe ministre de l’Economie et des Finances annonce un prêt de 5 milliards au profit de Renault

France / Le ministre de l’Economie et des Finances annonce un prêt de 5 milliards au profit de Renault
La petite Zoé électrique est montée dans l’usine de Renault à Flins-sur-Seine, le plus grand site de production du constructeur français dans l’Hexagone Photo: Martin Bureau/AFP

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„Il faut être lucide, Renault peut disparaître.“ Cette affirmation du ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, hier matin sur Europe 1, a fait l’effet d’un coup de tonnerre – mais dans un ciel qui n’était déjà plus très serein. Car avant même la pandémie, qui a globalement réduit les ventes de voitures de 75 à 80% pour l’ensemble des constructeurs, la mythique entreprise française n’allait déjà plus très bien.

Là comme ailleurs en effet, la crise sanitaire et le confinement auquel elle a donné lieu auront davantage confirmé et aggravé certaines failles de gestion qu’ils ne les ont révélées. Le plan de restructuration qui sera présenté à la fin de la semaine prochaine, avec de vraisemblables fermetures d’usines en France, et sans doute aussi à l’étranger (on parle notamment de la Slovénie et du Maroc), avait déjà été annoncé mi-février, donc un mois avant le début du confinement.

Indépendamment de l’effondrement actuel de ses ventes, terrible mais conjoncturel, et général dans le secteur automobile, Renault semble aujourd’hui devoir payer la note de plusieurs erreurs lourdes de son passé récent. La première est sans doute une certaine course au gigantisme, certains disent même la folie des grandeurs, de son dernier président, Carlos Ghosn. Lequel semble avoir largement surestimé les besoins de l’entreprise en capacités industrielles, avec des usines surdimensionnées et trop nombreuses. De sorte qu’avant même la crise du coronavirus, les chaînes de montage ne tournaient guère à plus de 40% de leurs possibilités.

48.000 salariés en France

La fructueuse alliance avec Nissan procurait à la firme française des revenus qui masquaient en partie cette situation, et qui ont largement servi à financer cet appétit d’extension industrielle tant dans l’Hexagone qu’à l’étranger. A quoi il faut ajouter que, tout à ses rêves planétaires, l’équipe de Carlos Ghosn n’a pas réellement préparé la relève des modèles aujourd’hui vieillissants, auxquels renonce peu à peu Renault, dont l’Espace, alors que Peugeot – pour s’en tenir aux constructeurs français – travaillait activement, lui, à de nouveaux modèles, dont le SUV 3008 qui a raflé de grosses part de marché.

Quant aux modèles électriques ou hybrides, sur lesquels Renault a cherché à investir, en particulier sur insistance de l’État qui détient toujours 15% du capital de l’ex-„Régie nationale“, ils souffrent encore, pour l’instant, d’un manque d’autonomie passablement dissuasif: les 150 kilomètres rechargeables en une demi-heure dont la publicité vante inlassablement la petite Zoé en font plus une deuxième voiture, à vocation urbaine, qu’un véhicule familial avec lequel partir en vacances, ou courir les rendez-vous professionnels à travers la France …

Il n’empêche: on n’imagine guère, en réalité, que l’État français puisse assister sans réagir au naufrage économique de la „firme au losange“, comme on la surnomme. D’une certaine façon, Renault, c’est la France. Et la firme emploie encore dans l’Hexagone plus de 48.000 salariés sur ses différents sites (sans parler de très nombreux sous-traitants), sur les 179.500 que compte le groupe, soit 27% de ses effectifs.

D’autres fleurons industriels menacés

L’an dernier, quelque 686.000 véhicules sont sortis de ses différents sites de l’Hexagone. Dont celui de Sandouville, dont la CGT avait, sitôt repris le travail, et au grand scandale des autres syndicats, obtenu la re-fermeture du fait d’une convocation par mails, au lieu de lettres recommandées vu l’urgence, du comité d’hygiène et de sécurité; et qui, après deux semaines perdues, a enfin pu rouvrir hier.

Cet engagement de l’État va se traduire par un prêt de l’État d’un montant de cinq milliards d’euros, dont Bruno Le Maire a tout de même conditionné la signature à un plan de redressement de Renault. Le ministre tient en particulier à ce que l’emblématique site de Flins, qui ne semble d’ailleurs pas trop menacé contrairement à trois ou quatre autres de moindre importance.

Mais d’autres fleurons de l’industrie française sont également menacés par les suites, immédiates ou non, de la pandémie de Covid-19. A commencer par le franco-européen Airbus, qui pâtit directement de la très forte baisse actuelle du transport aérien mondial, sans parler lui aussi de quelques lourdes erreurs de gestion dont l’affaire de l’A380 est le plus douloureux exemple. Mais aussi la construction navale avec les chantiers de l’Atlantique, à Saint-Nazaire, spécialistes mondiaux du grand navire de croisière, un loisir qui risque fort, lui non plus, de ne pas crouler de sitôt sous les nouveaux clients …