RetraitesNouvelle journée de protestation en France malgré quelques menus progrès

Retraites / Nouvelle journée de protestation en France malgré quelques menus progrès
La première ministre française Elisabeth Borne a assuré que l’âge de la retraite à 64 ans n’était „plus négociable“  Photo: AFP/Emmanuel Dunand

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Ce mardi est à nouveau consacré à des grèves et des manifestations contre le projet de réforme des retraites, dont les députés ont entamé l’examen hier. Avec toujours, dans l’esprit des contestataires, outre différentes demandes complémentaires, un objectif essentiel: faire renoncer le gouvernement à son intention de porter l’âge d’accès à une pension à taux plein de 62 à 64 ans.

Difficile, dans ce débat, d’échapper à un sentiment lassant de déjà-vu. Le gouvernement continue d’assurer que sans ce rallongement de la durée de cotisation, le système de retraites par répartition – auquel les Français, pour le coup, sont très majoritairement attachés – ne pourra survivre bien longtemps aux réalités démographiques d’aujourd’hui, avec l’explosion du nombre de retraités par rapport aux actifs. L’opposition politique et syndicale lui rétorque qu’il y aurait d’autres façons, non pénalisantes pour les salariés, de pérenniser son financement.

Pourtant, quelques (petites) avancées se sont fait jour ces tout derniers temps. Du côté gouvernemental, la première ministre, qui assurait la semaine dernière que le report de l’âge normal de la retraite à 64 ans n’était „plus négociable“ (voir Tageblatt du 31 janvier), a reconnu dans le dernier Journal du Dimanche que tout compte fait, ceux qui, ayant commencé à travailler plus tôt que la moyenne, auraient déjà leurs 43 annuités de cotisations avant d’avoir atteint ce fameux „âge normal de départ“, pourraient partir dès 63 ans.

Concessions aux LR

Premier pas vers l’idée qu’au fond, ce qui compte dans le renflouement financier des caisses de retraites, c’est davantage la durée de cotisation tout au long d’une vie de travail que le respect intangible d’une limite commune (d’ailleurs très largement écornée déjà par les différents „régimes spéciaux“). Et concession, à toutes fins utiles dans la perspective du débat parlementaire entamé hier après-midi dans un climat difficile, après des travaux en commission particulièrement houleux, au parti LR, dont les députés laissent entendre depuis une semaine que si le gouvernement prend en compte leurs suggestions, une majorité d’entre eux pourrait voter le texte.

Du côté de l’Assemblée aussi, donc, certains frémissements sont perceptibles. Etant entendu qu’une adoption de la réforme, encore éventuelle, ne sonnerait pas forcément la fin de la controverse, même si un appoint de la droite modérée permettait à Mme Borne d’éviter de recourir à l’article 49-3 pour un „passage en force“, lequel achèverait probablement d’enflammer la rue et les grèves.

Mais de toute façon, les jours qui viennent s’annoncent pesants pour les députés et le gouvernement: plus de 21.000 propositions d’amendements ont été déposées, dont beaucoup parfaitement redondantes, principalement par les élus mélenchonistes, à seule fin de paralyser la discussion. Ce qui commence d’ailleurs – autre petite avancée dans la réflexion, côté opposition cette fois – à poser problème à leurs collègues de gauche modérée, qui auraient aimé avoir un vrai débat parlementaire, plutôt que cette obstruction interdisant tout échange de fond.

Un combat central inchangé

Reste que pour l’instant, c’est encore et avant tout le front syndical qui mène les opérations, et cette journée de mardi est là pour le rappeler. Une journée qui devrait être de configuration classique, avec des grèves bien suivies dans les transports, peut-être un peu moins, comme la dernière fois déjà, dans l’Education nationale; et des manifestations aussi fournies, à moins que les retenues sur salaires qui accompagnent les absences au travail de ceux qui veulent participer aux cortèges n’en éclaircissent très légèrement les rangs.

Pourtant, là aussi, une réflexion s’est engagée, dont on devrait voir les premiers résultats samedi prochain. Pour ce premier jour des vacances de février en effet, les grandes centrales se sont ralliées à la proposition de la CFDT de limiter la protestation à des manifestations (sans doute le grand cortège national unique à Paris que l’on annonçait déjà pour la fois précédente), et de ne pas faire grève, surtout dans les transports. L’idée étant de garder la sympathie des Français, jusqu’alors clairement majoritaire et aussi de permettre aux manifestants de gagner la capitale pour y faire nombre.

Reste que ces différents petits pas ne concernent guère la question de fond. Et que même la concession de la première ministre sur les 43 annuités, ou quelques autres encore à préciser, comme sur le sort des femmes (en particulier celles qui ont eu des enfants), ne parviennent aucunement à détourner l’opposition politique et syndicale de son combat central et inchangé contre toute hausse de l’âge de la retraite à 64 ans.