Mittwoch12. November 2025

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FranceMacron confirme l’inflexion droitière de sa politique

France / Macron confirme l’inflexion droitière de sa politique
Le président Emmanuel Macron a, semble-t-il, présenté un programme électoral des Républicains Photo: Ludovic Marin/AFP

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Le président Macron a tenu mardi soir une conférence de presse de deux heures et demie qui a surtout consisté, sur pas moins de huit chaînes de télévision à la fois, en une longue adresse à la nation, sur le thème déjà évoqué par lui de son „réarmement“ civique et moral. L’exercice aura été suivi, au début, par plus de huit millions de téléspectateurs, avant que l’audience ne s’effrite.

Mais qui, en vérité, s’agissait-il de „réarmer“: les Français en général, ou bien son double quinquennat, mis à mal depuis les élections législatives qui ont suivi sa réélection au printemps 2022 en lui refusant une majorité parlementaire? Le locataire de l’Elysée ne pouvait que constater la montée des périls, à commencer par la très forte poussée du Rassemblement national, qui caracole loin en tête des intentions de vote pour les élections européennes de juin.

Certes, dans son propos liminaire comme dans ses réponses aux questions posées par les journalistes, M. Macron n’a pas aussi ouvertement endossé les habits de l’extrême droite que ne le lui reprochent la gauche, et à plus forte raison l’extrême gauche, avec une véhémence croissante. Mais tout en se référant encore, à l’occasion, à certaines expressions de ses débuts: „briser les tabous“, „combattre les rentes de situation“, voire le fameux „en même temps“, il a tenu un discours qui aura achevé de situer clairement à droite la suite de son second quinquennat.

Le président a ainsi insisté sur la nécessité de fixer des repères solides et clairs à une société française dont il dit comprendre qu’elle soit „déboussolée“ par certaines dérives, en associant désormais „l’ordre et le progrès, l’autorité et l’émancipation“, comme cela fut le cas, a-t-il souligné, dans l’histoire de la France depuis les débuts de la IIIe République. Et de ce point de vue, nombre d’annonces qu’il a faites semblaient bien de nature à séduire davantage l’opposition de droite modérée que cette gauche qui tire désormais à boulets rouges sur son gouvernement, l’ancien avec Élisabeth Borne – tout particulièrement depuis l’adoption de la loi immigration – et déjà le nouveau avec Gabriel Attal.

Ainsi de la refonte de l’instruction civique, dont le volume horaire (fort modeste, il est vrai) sera doublé à l’école, ou de l’apprentissage de La Marseillaise à l’école primaire, comme il y a quelques décennies encore. De même pour la généralisation du service national universel de deux mois en classe de seconde; l’expérimentation de l’uniforme (rebaptisé „tenue unique“, ce qui fait tout de même moins militaire) dans une centaine d’établissements volontaires, en attendant une possible généralisation si l’expérience est concluante; ou encore le retour des cérémonies de remise des diplômes.

Les fonctionnaires rémunérés au mérite?

L’opinion, y compris dans la gauche modérée, n’y est sans doute pas nécessairement hostile. Mais on croirait tout de même lire un programme électoral des LR, lesquels, à en juger par leurs réactions, ne semblent pas disposés pour autant à venir aider la majorité relative actuelle à se transformer, au Palais-Bourbon, en majorité absolue. Avec plus de prudence que de panache, M. Attal a d’ailleurs signalé hier que son déclaration de politique générale ne serait pas soumise à l’approbation du Parlement, contrairement à l’usage. Ladite déclaration n’est pas prévue avant le 30 janvier; mais il est vrai que le suspense est mince: mardi soir, le chef de l’Etat a déjà tout dit de la feuille de route du chef du gouvernement.

Cette feuille de route comporte certes de nombreux autres projets. Par exemple, mettre fin à la prolifération des „normes inutiles“, lutter contre les „déserts médicaux“ de la France rurale, et développer à l’école l’enseignement de l’histoire de l’art et la pratique du théâtre (mais avec quels maîtres et quels crédits?), ou encore relancer la natalité par des aménagements de la politique familiale.

Sur un plan plus général, M. Macron a confirmé une baisse d’impôts de deux milliards pour 2025, et jugé – là aussi, comme les Républicains – que „l’effort et le mérite ne sont pas suffisamment reconnus en France, en particulier au détriment des classes moyennes“. Le gouvernement, a-t-il ajouté, „devra réaliser un travail ardent pour mieux reconnaître les efforts de ces Français en leur permettant de mieux gagner leur vie par le travail, grâce à une adaptation des dispositifs sociaux et fiscaux“. S’agissant des fonctionnaires, il a en outre assuré qu’une loi allait instaurer leur rémunération au mérite, petite révolution au demeurant bien difficile à mettre en œuvre, et contre laquelle tous les syndicats sont vent debout.

Durant cette conférence de presse, les caméras de la télévision se braquaient souvent sur le visage de tel ou tel ministre, au fur et à mesure qu’il s’agissait de son secteur de responsabilité personnel. Nul n’a bronché, bien sûr. Mais l’impression sera allée croissant que M. Macron était surtout, mardi soir, tout le gouvernement à lui tout seul, et que les membres de ce dernier comptaient finalement bien peu, à commencer par le premier d’entre eux.