Misère ambiante

Misère ambiante

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

Je raffole de chapeaux. Depuis toujours. J’ai détesté ceux du Te Deum, à l’exception faite du choix d’Alexandra et de Claire. Pourtant, elles furent – si j’ose dire – de service, alors que bien d’autres dames s’étaient déguisées, juste pour se faire voir.

Dommage, car les cérémonies officielles de la Fête nationale offrirent quelques beaux instants de réflexion. En particulier à la Philharmonie où le premier ministre fit bonne figure par son sérieux et son calme et où le chef de l’Etat et le président de la Chambre impressionnèrent par leurs propos lucides, pragmatiques, généreux et réalistes.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Oui, chaque pays a besoin d’identité et qui dit identité dit langue, dit frontières pacifiques, dit justice pour tous, dit liberté, dit ouverture d’esprit, dit cohésion politique, sociale, culturelle. Dans le pluralisme et la diversité, dans le respect mutuel. Peu importe d’où l’on vient et quelle que soit la consonance d’un nom. Mais en effet, il faut avoir une histoire (cela s’apprend), un vécu, des traditions, des règles qui s’appliquent à tous.

J’aurais voulu, en l’écoutant, faire aussitôt un courriel à mon ex-confrère pour lui dire que je partageais ses idées sur les réfugiés qui font la honte de notre Europe, si belle et noble construction imaginée par les pères fondateurs. Si je ne l’ai fait, ce fut de fureur, parce qu’au même moment et tel qu’il le fait depuis deux ans, mon voisin qui n’est ni portugais, ni yougoslave, ni musulman ni juif, ni noir ni jaune, donnait de grands coups de marteau dans un mur.

Vous avez dit respect?

La misère économique me fait honte. Est-il admissible qu’après deux guerres mondiales, qu’après la colonisation, les guerres d’Indochine et du Vietnam, l’apartheid, l’Ethiopie et le Sahel, Ebola et tout le reste, des enfants se noient en Méditerranée parce que leurs parents sont obligés de payer de misérables passeurs pour fuir la guerre, les haines ethniques, les massacres, la faim? Au vingt-et-unième siècle de l’humanité? Et il nous faut des réunions de conseils européens pour ne trouver aucune solution décente …

La misère intellectuelle me sidère. Car elle mine nos sociétés dites émancipées, transforme nos démocraties en caricatures, anéantit nos classes moyennes et fait des jeunes des illettrés hautement diplômés et des zombies de la pensée unique. Heureusement qu’il y a cette longue liste de pays émergents où les intelligences les plus vives ne demandent qu’un minuscule coup de main pour éclore et faire exploser une énergie qui ignore la semaine de 40 heures.
La présidence luxembourgeoise de l’Union européenne débute. Moment important, plus même qu’on ne le croit à distance. Pourvu que les bons accents soient posés et qu’on ne se contente de slogans modernistes ou qu’on ne s’affaire à remplir un cahier de charges fixé ailleurs, par autrui.

La misère est ambiante; elle n’est pas virtuelle. Elle n’est pas photogénique; elle est complexe. S’y attaquer demande du courage et c’est ce que l’on demande aux politiques dignes de ce nom. S’y attaquer demande du temps et c’est ce que l’on demande au peuple, donc à chaque citoyen digne de ce titre de noblesse lorsqu’il sait faire la part des choses.