Grèce, qui ment?

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Une seule chose semble sûre dans le bras de fer opposant Bruxelles à Athènes: dimanche prochain, il y aura bien un référendum en Grèce, demandant aux Grecs si oui ou non, en contrepartie d’aides financières, ils sont prêts à accepter les mesures d’austérité dictées par la Commission européenne, la BCE et le FMI.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Telle est la question posée. Or, il y en a, à Bruxelles, Berlin ou ailleurs, qui lient la réponse au maintien de la Grèce dans la zone euro, et même à l’UE. Euro contre drachme, clament en chœur Juncker, Merkel, Cameron et autres Renzi et Hollande.

C’est de la mauvaise foi. C’est du chantage. C’est faire peur aux Grecs pour les inciter à accepter une chose jugée moins grave, à savoir la dégradation de leur situation sociale.

C’est, surtout, indigne de la part d’une Commission, de son président et de bien des dirigeants européens. Leur devoir est de tout faire pour que la zone euro n’éclate pas. Et non de peser dans les affaires intérieures grecques dans le but d’éliminer Tsipras. Car c’est bien de cela qu’il s’agit.

Tsipras qui, comme le dit avec dédain Christine Lagarde, présidente du FMI, parce qu’il ne serait pas politiquement adulte, est perçu comme un couac dans l’unanimité bruxelloise en ce qui concerne la rigueur budgétaire.

Tsipras qui, à peine élu, a été jeté dans la tourmente. Pourquoi ne lui a-t-on pas, en étant moins frontal, laissé un délai de grâce? Pourquoi lui a-t-on mis tout de suite le couteau sous la gorge? Voulait-on qu’il fasse comme tout le monde, promettre le paradis aux électeurs et ensuite appliquer l’enfer?

Pourtant, des concessions, le gouvernement grec, malgré les dires des uns et des autres, en a fait à la pelle. Pouvait-il aller au-delà? Difficilement. Tout simplement parce que cela aurait signifié le suicide politique de Tsipras et des siens. En mettant en jeu son avenir politique avec le référendum, Tsipras montre que, s’il doit disparaître de la direction du pays, il entend le faire dignement.

Voilà pourquoi il n’a d’autre choix que d’organiser le référendum. C’est dans l’intérêt de tout le monde. Accepter sans cela les conditions qu’on impose à la Grèce ouvrirait une crise politique dont personne ne connaît les tenants et les aboutissants. Voilà aussi pourquoi il doit appeler à voter non.

Non à quoi au fait? La Commission, la BCE et le FMI prétendent qu’ils n’ont pas demandé au gouvernement grec de s’en prendre aux petites retraites. Juncker l’a dit et redit: „il n’y a pas de coupes dans les retraites dans ce paquet.“ Athènes affirme que oui. Qui ment?

Jamais, il est vrai, le „paquet“ ne mentionne ouvertement de s’attaquer directement aux pensions. Mais, dans biens des points, les retraites sont bel et bien visées.

Il y est notamment stipulé qu’il faut supprimer la prime de 300 euros prévue pour les petites retraites pour économiser 900 millions. On y dit aussi qu’il faut qu’il n’y ait pas un euro de déficit en ce qui concerne les retraites complémentaires, ce qui équivaut à faire baisser celles-ci de 85%. Et qu’il faudra augmenter de 4 à 6% les prélèvements (sur les pensions) des cotisations maladie.

On n’oublie pas non plus de geler les pensions jusqu’en 2021 et de relever l’âge de départ à la retraite de 62 à 67 ans, ce qui, alors que le chômage explose, est dramatique.

Bruxelles demande donc bien à Athènes de traficoter dans les retraites. Pourquoi le cacher? Pour faire de Tsipras et de Syriza l’incompétente bête noire de l’Union européenne. Si incompétence il y a, elle est à chercher surtout dans la politique du bulldozer menée par les créanciers de la Grèce.

Tout le monde sait, quelle que soit la réponse des Grecs dimanche, que si vraiment on veut sauver le soldat Grèce, il faudra que le pays retrouve son souffle économique. Se contenter de demander des saignées sociales contre des milliards d’euros, puis, pour rembourser la dette, encore des saignées contre d’autres milliards, n’est en tout cas pas la solution.

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