Géorgie: fragile cessez-le-feu

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Le cessez-le-feu fragile instauré entre Géorgiens et Russes semblait respecté mercredi tant bien que mal sur le terrain, en dépit de nouvelles de violences, d'exode et de pillages, mais la tension était toujours vive, y compris sur le plan diplomatique.

 La mise en oeuvre du plan de paix sur lequel Moscou et Tbilissi ont donné leur accord de principe mardi au président français Nicolas Sarkozy apparaissait incertaine. Les deux parties en faisaient des interprétations divergentes et se reprochaient mutuellement de ne pas en respecter les engagements. Le président géorgien Mikheïl Saakachvili a accusé les forces russes de destructions et de pillages dans la ville de Gori, un noeud stratégique au centre du pays. Un journaliste de l’AFP a pu voir mercredi des dizaines d’habitations en flammes et des scènes de désolation sur la route menant d’Ossétie du Sud à Gori, dans des villages pillés par des combattants ossètes et aussi quelques militaires russes. Les Etats-Unis sont préoccupés par des „informations crédibles“ sur des tirs, tueries et incendies de villages dans les alentours de Gori, a déclaré l’émissaire américain Matthew Bryza à la télévision géorgienne. Dans un climat de tension, la présence d’une colonne de chars et d’autres blindés conduits par des soldats russes près de cette cité, sur la route de Tbilissi, a provoqué une rafale de nouvelles alarmistes, avant d’être réduite à sa dimension réelle, celle d’une saisie de matériel géorgien par les Russes. Tant Moscou que Tbilissi ont démenti que la soixantaine de chars, d’autres véhicules blindés et de camions militaires aient pour destination la capitale géorgienne, distante de seulement 90 km de Gori. La colonne a été vue à une dizaine de kilomètres de Gori par plusieurs journalistes, dont un photographe de l’AFP. Les soldats russes à bord des véhicules agitaient des drapeaux de leurs pays et criaient „Tbilissi, Tbilissi“, une plaisanterie prise au sérieux par les témoins, après un conflit armé ayant fait de nombreux morts. Les forces russes de maintien de la paix ont finalement reconnu être à Gori pour évacuer un entrepôt militaire géorgien. Cependant, dans la soirée, Tbilissi a affirmé que des chars russes bloquaient la principale route menant vers l’Ossétie du Sud, près de Gori. Sur le plan international, l’Ukraine, accusée par la Russie d’avoir armé la Géorgie et encouragé ainsi son opération militaire en Ossétie du Sud, a imposé mercredi par décret des restrictions sur les mouvements de la flotte russe de la mer Noire basée en Ukraine. Des navires de cette flotte sont engagés dans le conflit armé russo-géorgien. Les Etats-Unis ont demandé l’organisation d’une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l’Otan sur la Géorgie la semaine prochaine à Bruxelles. On manquait toujours mercredi de renseignements précis sur les positions occupées par les forces de Moscou. Néanmoins, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que Moscou ne retirerait ses troupes de Géorgie que lorsque les soldats géorgiens auraient regagné leurs casernes, se donnant implicitement un droit de regard sur le comportement des troupes de Tbilissi. La Russie dispose depuis le début des années 1990 de troupes de maintien de la paix en Ossétie du Sud, un territoire séparatiste pro-russe en Géorgie, au coeur du conflit entre Moscou et Tbilissi. Elle souhaite maintenant que les forces géorgiennes s’éloignent de cette région, ainsi que de celle d’Abkhazie. M. Lavrov a insisté par ailleurs sur la nécessité de rediscuter du „statut“ des régions indépendantistes de Géorgie, au niveau international, un principe rejeté par Tbilissi. L’Ossétie du Sud souhaite rejoindre la Fédération de Russie et l’Abkhazie être reconnue comme Etat indépendant. Une journée de deuil national était observée mercredi en Russie. L’armée russe a annoncé que les combats avaient fait dans ses rangs 74 morts, 171 blessés et 19 disparus. L’Union européenne devra décider „s’il faut ou non, et comment aller de l’avant dans le partenariat“ avec la Russie face à l’attitude „agressive“ de Moscou en Géorgie, a indiqué de son côté le chef de la diplomatie britannique David Miliband.