Explosion au siège du gouvernement à Bangkok: un mort, 22 blessés

Cette explosion, qui aurait été provoquée par une grenade, a mis fin à la trêve politique qui était observée en Thaïlande depuis la semaine dernière à l’occasion des obsèques nationales de la soeur aînée du roi. Un engin a explosé jeudi à 03H28 (mercredi 20H28 GMT) dans le complexe abritant les bureaux du Premier ministre thaïlandais, un site où sont rassemblés des manifestants anti-gouvernementaux appartenant à „l’Alliance du peuple pour la démocratie“ (PAD). L’engin a explosé devant le principal podium érigé par les opposants, ont précisé les services de secours. L’occupation de „Government House“ dure depuis le 26 août mais les autorités ont exclu le recours à la force pour déloger la PAD, coalition hétéroclite de la société civile qui affirme notamment vouloir „défendre la monarchie“. En raison de l’occupation du siège du pouvoir, l’équipe gouvernementale a aménagé depuis septembre des bureaux temporaires dans un ancien aéroport. Vingt-trois manifestants –12 hommes et 11 femmes– ont été blessés par l’explosion nocturne et ont été évacués vers quatre hôpitaux voisins, ont indiqué jeudi les services de secours. L’un d’eux –un homme de 48 ans– a succombé à ses blessures et onze autres personnes sont dans un état sérieux, ont précisé ces services. Un site web de la PAD a affirmé que l’explosion avait été causée par un lance-grenade de type M-79. „Nous attendons l’arrivée des experts (en engins explosifs), ainsi que l’autorisation de la PAD pour entrer à Government House“, a déclaré à l’AFP un commandant de la police, le colonel Somchai Chueyklin. Des représentants de la PAD ont exprimé une vive colère. „C’est la dernière attaque qui sera lancée contre nous. La prochaine visera nos adversaires“, a averti Anchalee Paireerak, une porte-parole de la PAD. Les manifestants ont juré de ne pas quitter le siège du gouvernement tant que Somchai Wongsawat, beau-frère de l’ancien homme fort de la Thaïlande Thaksin Shinawatra, resterait Premier ministre. La Thaïlande reste profondément divisée entre partisans et adversaires de M. Thaksin, puissant homme d’affaires de 59 ans, renversé en 2006 par des généraux légitimistes et qui a fui à l’étranger après des accusations de corruption. En octobre, il a été condamné par contumace à deux ans de prison pour „conflit d’intérêt“ et se trouverait actuellement à Dubaï. Ses lieutenants sont revenus au pouvoir à la faveur d’élections législatives en décembre 2007, mais la PAD a juré de faire tomber tout Premier ministre pro-Thaksin. La PAD avait contribué à déstabiliser M. Thaksin avant son renversement par l’armée. La crise politique en Thaïlande avait déjà dégénéré en violences le 7 octobre dernier lorsque la police avait dispersé sans ménagement des milliers de manifestants pro-PAD qui avaient bloqué les accès au Parlement de Bangkok. Ce jour-là, deux personnes avaient été tuées et 478 blessées. Les incidents se sont multipliés depuis le début de l’occupation du siège du gouvernement.
Le 4 novembre, une grenade avait été lancée en direction de volontaires de la PAD sans faire de victimes. Une semaine plus tôt, dix sympathisants de la PAD avaient été blessés par un autre jet de grenade. Les tensions politiques avaient quelque peu baissé la semaine dernière à l’occasion des funérailles nationales organisées en hommage à la soeur aînée du roi, la princesse Galyani décédée en janvier mais qui n’a été incinérée que samedi.