Péril en la demeure

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Du danger des idéologues

Y a-t-il pire vilenie que les gens qui sont enfermés dans un système et ne supportent aucune autre opinion que la leur? Qui cataloguent la société en „amis“ et en „adversaires“ selon que l’on partage aveuglément leurs idées ou qu’on ose en remettre quelques-unes en question?

L’extrême droite est une de ces associations de fanatiques et de donneurs de leçons. Au même titre que l’extrême gauche, persuadée que sa vision du monde, et elle seule, sauvera l’humanité. Des croyants d’un autre âge et d’une folle arrogance dans la mesure où ils se croient habilités à dire „le bien et le mal“.
A peine dix jours nous séparent du premier tour des élections présidentielles. Les sondages, officiels et officieux qui tombent chaque soir, montrent que les écarts se réduisent au point que nul n’exclut un second tour Le Pen – Mélenchon. Oui, au-delà du folklore, de quoi avoir froid dans le dos.

Oui, Madame Le Pen est intelligente. Oui, elle est le drapeau de l’idéologie fascisante de son père et ses récentes déclarations sur le Vél’ d’Hiv’ en ont apporté l’ultime preuve. Monsieur Mélenchon est un tribun digne de la Grèce antique. Brillant, populiste, parfait utilisateur des meilleurs outils de marketing et de communication moderne, comédien digne d’un Molière, il sait convaincre le bon peuple plus habitué aux séries B télévisées qu’aux dissertations politiques des nouveaux (et anciens) philosophes.

Et bon nombre de Français, en terribles simplificateurs, préfèrent écouter le chant des faux cygnes plus que de réfléchir aux échecs économiques (relatifs) des dernières décennies. Plutôt que de s’interroger sur eux-mêmes, sur leurs demandes de réformes et leur incapacité d’en accepter, leur méconnaissance flagrante de la situation dans les autres pays, ils s’adonnent pour beaucoup aux terribles simplificateurs: „les politiques, tous pourris“, „les médias, tous corrompus“, „l’UE, des fonctionnaires au service du grand capital“ …

Comme si le monde était aussi réducteur! A croire qu’il suffit d’organiser un débat à la télé, d’y voir apparaître un bonhomme en polo plutôt qu’en chemise et le tour est joué: celui qui est „différent“ monte dans les sondages. Ou encore de leur faire découvrir „l’hologramme“ et ils sont fascinés. Ah, Mélenchon sur 7 endroits …

La France est un grand pays, un Etat membre fondateur de l’Union européenne. Sa voix n’est pas neutre, notamment en politique étrangère, où elle a, au contraire, pesé sous de Gaulle, Giscard, Mitterrand, Chirac. Ce n’est qu’ensuite que le parcours fut trouble. Unique puissance nucléaire européenne depuis le Brexit, membre du Conseil de sécurité de l’ONU, elle doit se faire entendre. Elle est l’indispensable partenaire de l’Allemagne laquelle ne peut et ne doit imposer son point de vue.

Favorisée par sa démographie, elle a juste besoin de paix intérieure. Ce qui exige de la sérénité et un dialogue apaisé. Dans les banlieues, entre jeunes Français „de souche“ et jeunes Français d’origine autre. Qui dit cela dit éducation, instruction publique, respect, discipline, sécurité.

Dialogue intergénérationnel, dialogue sur les réels écarts de richesse, inadmissibles. Nul ne peut vivre et payer un loyer avec des salaires de 1.000 euros, des retraites à 800 euros, du chômage sur trois générations au sein d’une même famille. Oui, il faut en finir avec des patrons sourds et aveugles, des syndicats préférant la grève à la recherche de solutions raisonnables et des citoyens convaincus que le fautif, c’est „l’autre“. L’autre, le voisin plus aisé, l’autre, l’immigré, l’autre à la peau différente, l’autre le juif, l’autre le musulman.

La France a besoin de revenir aux sources. Celles d’une terre d’accueil, riche de sa mixité, fière de sa (ses) culture(s), de sa créativité, de son savoir-faire scientifique et médical, oui, fière de ses universités et grandes écoles, fière de ses régions si différentes et de toute beauté, fière de sa langue qu’elle est en train d’abîmer en tolérant, voire en favorisant pour des motifs bassement électoraux, voire idéologiques le nivellement vers le bas. Ni dame Le Pen ni sieur Mélenchon, l’ex-avocate et l’ex-sénateur, ne sauveront la France.

Loin de nous l’idée de penser que Macron serait un candidat de rêve. Et Fillon encore moins. Mais la raison doit primer sur l’idéologie sectaire dans un pays dont le choix interpellera et pèsera sur l’édifice européen. A fortiori à un moment où l’UE elle-même est mal en point et où ses dirigeants, si critiques face au candidat Trump, plient comme des petits garçons face à „The Donald“, président.

Où sont donc passés de Gaulle, Churchill, Mitterrand et quelques autres?

dfonck@tageblatt.lu