Le rêve brisé

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Tout un chacun a besoin d’espoir

Le chiffre est éloquent: en 2015, quelque 119 millions de personnes étaient menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale dans l’Union européenne. Soit 23,7% de la population globale. Un autre chiffre est tout aussi effarant: 21,4 millions d’hommes et de femmes sont actuellement sans emploi, soit 8,8% de la population active.

Certes, dans les deux cas, on constate une tendance à la baisse qu’il faut toutefois relativiser, vu le nombre de personnes marginalisées de facto au sein de cette entité politique somme toute favorisée qu’est l’Europe.

Autre paradoxe, le fossé croissant entre nantis et citoyens lambda. L’écart se creuse jour après jour, tant entre les régions qu’au coeur même des pays. Si l’Europe de l’Ouest et du Nord sont très prospères, l’Europe du Sud accuse un appauvrissement rapide, de l’Albanie au Portugal en passant par la Serbie, la Macédoine, la Bulgarie, l’Italie, l’Espagne et la Grèce.

Première puissance économique mondiale, l’Union européenne n’a pas su redresser les équilibres et conférer à ses habitants le sentiment d’une sécurité émanant d’une justice sociale. Au contraire: et si le désamour des citoyens européens va croissant pour ce bel édifice que fut et que reste l’UE, cela est très largement dû à la frustration et au manque d’espérance d’une jeunesse qui se sent délaissée et dès lors des parents qui redoutent un avenir difficile pour leurs enfants.

Pourquoi l’Union européenne a-t-elle failli, elle qui voulait une société dans laquelle chacun aurait pu trouver sa juste place et s’épanouir en toute liberté?

On peut, certes, chercher des boucs émissaires, et en la matière, les politiques semblent prédestinés à endosser ce rôle. Ce serait trop facile. Tous ne sont pas inconscients. La plupart d’entre eux sont honnêtes et s’emploient à donner le meilleur d’eux-mêmes au sein de la collectivité. Pourquoi donc échouent-ils?

Peut-être faute d’interlocuteurs, faute d’un système économique dont ils n’ont pas mesuré à temps les conséquences et décelé avant l’heure le système savamment élaboré pour imposer leurs exigences.

Ces jours-ci, le président américain sortant, Barack Obama, a donné une belle leçon politique à ses collègues européens: l’austérité a tué la croissance. Oui, cela a été dit et écrit avant. Alors qui donc a réussi à faire croire à l’ensemble de la classe politique européenne que les cures d’austérité sont in-dis-pen-sables? Fallait qu’ils soient puissants, ces gens-là.
Le fait est qu’à force d’inégalités économiques, sociales, culturelles, le rêve européen s’est brisé. Aujourd’hui, de nombreux citoyens, à force de déceptions, ne sont plus capables de reconnaître que l’UE a réussi le meilleur, c’est-à-dire la paix durable sur le continent. Faudrait-il que la maison Europe s’écroule parce qu’incapable d’abriter en son sein une famille sereine?

Pauvreté, chômage, mal de vivre alimentent la haine de l’autre, la xénophobie, le populisme. A cela, le petit club des privilégiés devrait réfléchir à deux fois. Dans son propre intérêt, aussi.