Arrêtons de punir la Grèce

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Sortir les Grecs de la spirale de l’appauvrissement

Les voilà de nouveau au Luxembourg, comme il y a deux ans presque jour pour jour, les 19 ministres des Finances de la zone euro, pour continuer de mettre à genoux la Grèce. Oh, cette fois-ci, ce n’est pas le Grexit qui est à l’ordre du jour. Après le Brexit, on a peur de l’hémorragie. Mais de là à sortir les Grecs de la spirale de l’appauvrissement, on en est encore très loin.

Or, Athènes s’est pliée aux exigences de ses créanciers, la Banque centrale européenne, le Mécanisme européen de stabilité et le Fonds monétaire international. Plus que pliée même. Alexis Tsipras, le frondeur d’antan, a fini par passer sous les fourches caudines. En imposant à son pays des réformes des retraites à la chaîne réduisant en moyenne les montants de 40%. Le salaire minimum, lui, il était de 794 euros en 2008, aujourd’hui il n’est plus que de 684.

Ceci alors que la TVA, y compris pour certains produits alimentaires, est passée de 13 à 23%. Parallèlement, l’Etat a été forcé de privatiser une quarantaine d’entreprises publiques. Sans oublier que le nombre de fonctionnaires est passé de 936.000 à 567.000 entre 2011 et 2016, et que la saignée continue.

Tout cela aurait peut-être un sens, si l’argent, les milliards récoltés par la vente des entreprises publiques notamment, servait à assainir le pays. Il n’en est absolument rien. Tout ce qui est pris aux retraités et aux salariés, tout ce que les privatisations rapportent, la hausse de la TVA, les coupes dans les dépenses sociales au détriment de la santé, tout est immédiatement reversé aux créanciers.

Pour les gens, l’hécatombe est on ne peut plus tragique. On n’hésite plus à parler de crise humanitaire. Par centaines, cliniques et hôpitaux ont fermé leurs portes, et se faire soigner est devenu un luxe. D’autant que certains laboratoires pharmaceutiques ne fournissent plus bon nombre de médicaments, puisqu’ils ne sont plus sûrs d’être payés.

A l’école, la situation n’est pas plus rose. Il y a 30.000 enseignants de moins, et les frais de fonctionnement des immeubles scolaires ont été tronqués du tiers. Parallèlement, les ménages n’arrivent plus à payer les fournitures. D’après Elstat (le Statec grec) ils auraient baissé de plus de la moitié leurs dépenses pour l’éducation de leurs enfants.
Si l’on y ajoute la chute spectaculaire des salaires et le démantèlement du droit du travail favorisant les licenciements, l’avenir des Grecs est on ne peut plus noir.

Malgré cela, l’Eurogroupe – qui sait fort bien que sans un allègement drastique de la dette, comme le recommande d’ailleurs le FMI, Athènes ne peut pas s’en sortir – continue de mettre le couteau sous la gorge de la Grèce. Un Eurogroupe docile, se pliant aux exigences de l’Allemagne qui reste intransigeante.

Pas d’allègement avant la mi-2018, martèle Schäuble. Autant dire d’autres efforts pour le peuple grec. Ceci, alors que la solution de cette crise ferait un grand bien à l’Union européenne.

Là-dessus, tout le monde est d’accord. Mais cela ne se traduit pas en espoir pour les Grecs. Tout au plus un peu d’argent frais, une tranche d’aide supplémentaire permettant à Athènes de rembourser les 7 milliards d’euros qu’exigent les créanciers pour … juillet.