Une vitrine pour qui?

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Voilà le Luxembourg installé pour une période de vingt ans à l’Arsenale, presque au cœur donc de la Biennale de Venise. Et pour une fois, il n’y a pas grand-chose à reprocher au ministère de la Culture, puisque le nombre accru de visiteurs, peu importe la manière dont on tourne les choses, est assurément bon signe pour le milieu culturel du pays.

Ce qui gêne quelque peu en revanche, ce sont les éternelles exploitations nationalistes derrière quoi se cachent des expressions comme „donner une vitrine“ à la culture luxembourgeoise – la formule-clé du discours de Xavier Bettel pour légitimer son choix de déménager de la Ca’ del Duca à l’Arsenale, et d’investir pas mal d’argent pour ce faire. De cette manie du „nation branding“ témoignent les éventails distribués en trois couleurs (rouge, bleu et … noir) devant l’Arsenale par de charmantes jeunes Italiennes – délocaliserait-on les hôtesses pour la promotion de la nation? –, sur quoi l’éternel et au final très américain „Let’s make it happen“ s’affiche fièrement et que de nombreux visiteurs agitent pour faire voltiger de l’air chaud en leur direction. Pourtant, le projet architectural choisi pour ce baptême du feu réussi est, quant à lui, bien loin de se prêter au „nation branding“, puisque l’exposition luxembourgeoise, parmi les plus politiques de toute la Biennale, interroge la privatisation outrancière du terrain national, pointant vers un effet dangereux du néolibéralisme dont le Luxembourg est certes, comme le précisait Bettel, un modèle de réussite, mais aussi un symptôme, qui pointe vers les dérives possibles du système.