Gagner des élections? Facile!

Gagner des élections? Facile!
(Jean-Claude Ernst)

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La petite fille chante aux sons de la harpe, et Heine est à l’écoute:

Sie sang das alte Entsagungslied,
Das Eiapopeia vom Himmel,
Womit man einlullt, wenn es greint,
Das Volk, den großen Lümmel.
Ich kenne die Weise, ich kenne den Text,
Ich kenn auch die Herren Verfasser;
Ich weiß, sie tranken heimlich Wein
Und predigten öffentlich Wasser.

Et lui, le poète, résume en quelques vers la finalité de toute
politique honnête:

Wir wollen auf Erden glücklich sein,
Und wollen nicht mehr darben;
Verschlemmen soll nicht der faule Bauch,
Was fleißige Hände erwarben.
Es wächst hienieden Brot genug
Für alle Menschenkinder,
Auch Rosen und Myrten und Lust,
Und Zuckererbsen nicht minder.

Trump, en homme d’affaires né, a su trouver d’instinct l’argumentaire pour gagner l’élection. Les pas-riches et les pauvres, marchent au carburant que tout démagogue offre gratos: l’espoir d’une vie meilleure demain, non, tout de suite déjà. Ce méchant truc marche mieux que jamais, le peuple n’arrête pas de croire des promesses alors qu’il pourrait, et telle fut l’idée de Heine, prendre les choses en main.

Bon, il est là maintenant ce Trump; il est l’hégémone du monde occidental, ce monde qui réunit, sous la tutelle américaine, le Canada, l’Europe des 28, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, et puis, dans une configuration plus vaste, englobant les zones régies par l’économie de marché, les Amériques centrale et du Sud, le Japon, l’Afrique du Sud peut-être, et Israël, soit près de 2 milliards d’humains sur les 7,5 que compte la Terre. Trump, notre boss à tous.

Nous avons le droit de rire (en sourdine) du personnage, mais le fait est que derrière et autour de lui, la garde prétorienne veille. Elle imprimera sa volonté à la vieille Europe qui est en passe de rater son rendez-vous avec l’Histoire: n’étions-nous pas faits, après ces terribles guerres du 20e siècle, pour créer la société de progrès dessinée par Heine? Comment avons-nous pu laisser monter au créneau, puis aux commandes, ces agents du libéralisme outrancier, source des politiques d’austérité qui ont drainé tant d’argent vers les riches, les grands et les petits Trump?

Comment est-il possible que les „simples gens“, se fassent tromper, manipuler, abuser par des affairistes-politiciens dont l’agenda caché est la conquête du pouvoir au service d’intérêts personnels?

La mécanique, démontée, est simple.
En refusant de privilégier toujours et partout l’intérêt général, l’Occident, ce colosse avide, se nourrit de l’exploitation des faibles qui, eux, subissent la loi des forts en murmurant une protestation avant de se taire, puis de se tourner, en désespoir de cause, vers des Le Pen.

Mais l’Histoire est faite d’heurs et de malheurs. Souvent, les heurs apparaissent après les malheurs seulement. Et si nous étions, en Occident, des générations de damnés pour faute d’incapacité de bien raisonner et agir?

Bof! D’autres, après nous, connaîtront les heurs, peut-être.