Theater Federatioun: Vers une nécessaire professionnalisation

Theater Federatioun: Vers une nécessaire professionnalisation

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Lors d’une conférence de presse tenue ce matin, la Theater Federatioun, qui fédère 22 membres et qui connaît, depuis 2017, une restructuration interne, a annoncé un bon nombre de revendications qui forment les bases nécessaires pour une professionnalisation du milieu théâtral et des ébauches sérieuses pour un plan culturel viable pour le Luxembourg. Neuf jours avant les Assises culturelles, le dossier soumis par la fédération propose des pistes sensées.

„La question fondamentale est celle-ci : est-ce que nous voulons une politique culturelle digne de ce nom?“, demande Carole Lorang, la présidente de la Theater Federatioun. Cette dernière, fondée en 1996, défend les intérêts des théâtres, des centres culturels et des compagnies professionnelles du grand-duché du Luxembourg. Elle est conventionnée depuis 2002 par le ministère de la Culture.

Depuis sa restructuration, la fédération est divisée en quatre collèges, qui ont pour charge d’observer le secteur qui leur est attribué, d’anticiper ses besoins et de proposer un plan d’action approprié. Ces quatre collèges s’occupent des petits théâtres et des compagnies, des centres culturels régionaux et spécifiques, des grands théâtres ainsi que des artistes indépendants et intermittents.

„Nos revendications ont le double mérite d’être à la fois claires et peu coûteuses“, explique Nicolas Steil, qui est le vice-président de la fédération. „Raison pour laquelle rien de ce que nous demandons a heurté Jo Kox“ chargé de présenter, vendredi 29 et samedi 30 mars, le plan de développement culturel. Que la Theater Federatioun attend donc avec fébrilité.

Car le plan d’action qu’elle a exposé ce matin propose des solutions qui, en effet, paraissent à la fois viables, sensées et concrètes. Avant de vous proposer un article de fond lundi prochain, nous vous présentons d’ores et déjà quelques-unes de ces revendications.

 

Création de postes

Constatant que les petits théâtres ne bénéficient pas d’une aide spécifique pour assurer leur fonctionnement, que les directeurs de ces théâtres doivent souvent s’occuper de tout et que le fardeau administratif est devenu de plus en plus difficile à porter, la fédération veut que ces petits théâtres bénéficient à l’avenir d’un poste administratif à temps plein, sans quoi la professionnalisation tant voulue ne pourra pas être atteinte faute de temps. Puisque ces petits théâtres ont de véritables rôles formateurs – ils voient passer les jeunes talents d’aujourd’hui et de demain, qu’ils contribuent à former –, il est crucial qu’un tel poste soit créé afin de leur procurer du temps à investir autrement que dans des déboires administratifs. Cela facilitera aussi à de tels théâtres des tournées à l’étranger.

 

Un régime fiscal plus adapté à l’artiste indépendant

Ensuite, comme l’explique Peggy Wurth, co-responsable du collège des artistes indépendants et intermittents, il faut que des changements soient faits au niveau du régime fiscal des artistes indépendants, celui-ci évoluant dans une „indépendance de façade“, dont découle un paradoxe assez vexant. Car si les relations qui le lient à une structure de production prennent la forme d’un rapport employé-salarié, c’est néanmoins l’artiste qui doit payer les charges patronales. Un artiste qui touche 2.000 euros peut déduire de cette somme immédiatement quelque 500 euros de charges sociales et patronales. Il est absurde qu’on déclare que l’intermittent du spectacle doit être assisté à cause de la fragilité de son statut économique si c’est pour le pénaliser en retour en lui faisant payer de telles charges – raison pour laquelle la Theater Federatioun préconise qu’on assiste les artistes dans le paiement de ces charges.

Par ailleurs, comme la TVA à payer sur les prestations artistiques est de 17% – alors que, dans des  pays comme la France, elle peut avoisiner les 2% – une belle part de l’argent disponible est immédiatement perdue. Là encore, cette TVA devrait être revue à la baisse – au vu des budgets, cela ne pénaliserait que peu l’Etat luxembourgeois.

 

Créer un bureau d’information et un poste de médiateur culturel

Constatant encore que ni les directeurs artistiques ni les artistes intermittents ne disposent normalement de connaissances juridiques développées, il paraît important qu’un bureau d’information et de ressources juridiques soit créé.

Par ailleurs, si la plateforme Kulturama, où les artistes peuvent désormais créer un profil afin d’augmenter leurs chances d’être invités dans des écoles, constitue un énorme pas dans la consolidation entre la culture et l’éducation, la Theater Federatioun propose, comme cela est souvent le cas en France, de revaloriser les moyens financiers qui permette aux théâtres municipaux et aux centres culturels d’embaucher un médiateur culturel permanent, qui promeuve la culture.

 

Procurer du temps et de l’espace

Enfin, il est de prime importance de procurer plus de temps aux artistes, dont on néglige souvent le temps investi dans la recherche, dans le montage d’un dossier, dans la recherche de producteurs. Du début à la fin, de la conception à la production à la diffusion, un projet a souvent besoin de plus d’un an. Pour donner plus de temps aux artistes, la Theater Federatioun plaide tout d’abord pour la mise en place d’aides à projets pluriannuels, mais aussi et avant tout pour un soutien accru aux résidences artistiques – puisque celles-ci font encore largement défaut au Luxembourg, il faudrait créer un „dispositif de soutien incitatif“, qui permettrait aux lieux culturels d’accueillir des artistes sans attendu de production. Car la création n’est que le versant visible de tout un processus artistique dont bien des étapes, qui prennent pas mal de temps, restent invisibles – et qu’on oublie, du coup.