En 1919 le stand „Au massacre des boches“ fait fureur à la Schueberfouer

En 1919 le stand „Au massacre des boches“ fait fureur à la Schueberfouer

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Ce qui était encore imaginable l’année précédente, allait le redevenir l’année suivante. L’apparition du stand „Au massacre des boches“ à la Schueberfouer confirme à sa manière que 1919 fut pour le Luxembourg l’année de tous les possibles.

Par Jérôme Quiqueret

„Au massacre des têtes de boches!“ Ce sont les premiers mots écrits en français que le journaliste Paul Fuchs lit depuis son arrivée par le train en gare de Luxembourg en cette fin de mois d’août 1919. Le secrétaire de rédaction du magazine de culture générale Je sais tout, ancien combattant, est venu tâter le pouls du Luxembourg. Une dame qu’il avait rencontrée dans le tram-way lui avait dit que c’était à la Schuebermëss qu’il pourrait le faire le mieux.

C’est là qu’il entame le récit de la conquête pacifique du Luxembourg par la France, à l’heure où il doit se choisir un destin. „A la sortie des faubourgs, un vaste terrain vague: tirs, confiseries, dioramas, balançoires, etc. C’est là, au fronton d’une des boutiques – un jeu de massacre classique – que se déploie la banderole. Et la jeunesse du pays s’en donne à tour de bras, lançant les balles de cuir avec fureur et joie tout à la fois sur les têtes de bois grossièrement sculptées: „A toi, Guillaume! Attrape. Hindenburg! V’ian pour le kronprinz!“ …

„Ceux qui ne chantent pas, ce sont des boches“

L’horreur de la guerre aux portes du pays, son occupation, la menace des bombardements et la pénurie … Les raisons qui avaient conduit à l’annulation de la Schueberfouer durant la guerre arment désormais le bras des joueurs.

Les exposants allemands qui formaient le gros du contingent avant-guerre ont déserté cette édition de la paix, les exposants français et belges les y ont en partie remplacés. Cela diffuse un parfum particulier que le journaliste hume également avec surprise dans un café-concert: „Le hall est bondé: public de petits gens venus en famille, boutiquiers, ouvriers. Sur la scène, ce sont, d’abord, entre les jongleurs et les acrobates, des chanteurs et des chanteurs qui débitent la ‚romance patriotique‘ de chez nous, ‚La Madelon de la victoire‘ ou autre, et qui se font acclamer.“

Puis un peu plus tard, un chanteur comique harangue la foule qui ne reprend pas son refrain. „Ceux qui ne chantent pas, ce sont des boches“, ose-t-il.

La manifestation d’une liberté retrouvée

„Les cabarets, les music-halls, le cirque de Jonghe, le massacre des boches et tous les établissements de la Schobermesse attirent tous les jours un monde fou. La victoire de l’Entente l’a entièrement francisée depuis les artistes qui s’y produisent, et les airs des orgues de barbarie jusqu’aux boniments et aux inscriptions des baraques foraines“, confirme avec entrain le journal francophile, l’Indépendance luxembourgeoise, deux semaines après l’ouverture.

Le jeu de massacre était déjà une vieille connaissance des fêtes foraines européennes. On pouvait y passer ses frustrations sur le gendarme, le juge ou le prêtre dans un esprit carnavalesque. Durant la guerre de 1914-18, le jeu en France avait été adapté aux nouveaux ennemis, extérieurs ceux-là. Des mutilés de guerre d’un atelier de rééducation de Dijon fabriquèrent ainsi „Le massacre des boches“ à partir de mai 1915, aux côtés des non moins explicites „Le Boche scié“ et „Le combat du boche et du poilu“.

Des sentiments anti-allemands

Ce pourrait être l’un de ces jeux répandus en France durant la guerre qui a trouvé son chemin jusqu’à Luxembourg. Paul Fuchs interprète en tout cas l’ardeur des joueurs comme une manifestation de sentiments pro-français. Une délégation luxembourgeoise s’en est d’ailleurs allée le matin du premier jour de la Schueberfouer par trains spéciaux saluer le président français en visite à Thionville. Le 19 juillet précédent, la fête de la victoire organisée par les soldats français au Luxembourg a connu un bel engouement populaire.

Mais ce sont aussi et surtout des sentiments anti-allemands qui semblent s’exprimer. Dans ce lancer, il y a la célébration d’une liberté et d’une indépendance retrouvées, quand pendant quatre ans, la neutralité du pays et le risque de représailles obligaient à ne manifester aucune hostilité envers l’occupant.

Un fournisseur de la Cour aux commandes

A ce titre, le fait que ce jeu de massacre appartenait au serrurier Michel Klauner, fournisseur officiel de la Cour, ne manque pas de sel. La Schueberfouer se tient au moment où la Cour est décrédibilisée par sa trop grande proximité de l’Allemagne pendant la guerre. Elle a forcé la Grande-Ducheese Marie-Adélaïde à abdiquer en janvier. Et ce n’est qu’après la fête, par le double referendum du 28 septembre que sa soeur puinée, Charlotte, est confirmée dans ses pouvoirs.

Ce n’est sans doute pas un hasard politique si Michel Klauner choisit le journal socialiste Die Schmiede, pour passer en novembre, une annonce annonçant la vente de son attraction – „das auf der letzten Schobermesse der Gunst des Publikums sich erfreute“, ne manque-t-il pas de souligner.

Ce qui était possible en 1919 était devenu intolérable en 1920

Le serrurier a eu le nez fin … Certes, le 20 août 1920, L’Indépendance luxembourgeoise annonce le retour des Allemands en bois d’un ton badin: „Malgré sa vogue de l’an dernier, il paraît qu’il en reste encore à estourbir.“ Mais, quatre jours plus tard, un journaliste de l’Obermosel Zeitung constate que la fête n’a pas duré. „Der ‚Massacre des boches‘ hat sich in eine Verkaufsbude verwandelt, in welcher man vergebens nach dem arg ramponierten Gesicht von Wilhelm II. suchen würde.“

Ce qui était impensable en 1918, possible en 1919, était devenu intolérable en 1920. L’Indépendance française en explique la raison une fois la fête terminée. „Le jour même de l’ouverture, un personnage à la mine sévère se campe devant la baraque. ‚Was ist denn das?‘, demanda-t-il à ceux qui l’entouraient. On lui donna des explications qui n’arrivaient pas à le dérider. ‚C’est le chargé d’affaires allemand‘, se chuchotait-on dans les groupes de curieux. Quelques jours après, un brigadier de police vint signifier au propriétaire du jeu de massacre que le spectacle dont il régalait la jeunesse était une insulte à nos hôtes allemands et qu’il fallait faire disparaître le titre injurieux qui s’étalait sur sa baraque.“

Reprise des relations diplomatiques entre le Luxembourg et l’Allemagne

La disparition de l’attraction reine de la Schobermesse 1919, c’est aussi le signe de la reprise des relations diplomatiques entre le Luxembourg et la jeune république allemande. L’ancien ambassadeur, Carl von Buch, avait été contraint de quitter le pays au mois de décembre 1918.

Arrivé en catimini fin juin 1920, le chargé de misssion allemand Joseph Von Loehr se fait remarquer pour la première fois sur la Schueberfouer. Sa mission principale, la négociation des réparations, offre au journaliste de L’Indépendance luxembourgeoise, l’occasion d’ironiser sur son réel pouvoir. „Le jeu fut fermé“, poursuit-il. „Mais au bout de quelques jours il fut rouvert. La devanture était peinte à neuf; les têtes de boches s’alignaient toujours sur trois rangs, mais la moustache du Kaiser et de Hindenburg, ainsi que le sourire simiesque du kronprinz étaient soigneusement effacés et sur le fronton, entre deux poilus peints à grands coups de brosse, se lisait, en immenses caractères, le nouveau titre de la baraque: On les a. Les Luxembourgeois, on le voit ne rechignant pas quand il s’agit de ‚réparer‘.“

J.C.KEMP
24. August 2019 - 16.27

An dann nach déi arabesch Zifferen! Eng Provokatioun! MCMXIX

J.C.KEMP
24. August 2019 - 15.39

Den Artikel ass op frankphonesch, erklärt vläicht firwaat do eenzel exclusiv lötzeboiäsch-sproocheg Matbiergä hier Problemä hun.

J.C.KEMP
24. August 2019 - 15.34

1919 dat war virun HONNERT Joer, éier Der elo iwwert GAMBIA hier falt. Ech fuerderen d'Demissioun vum Kiermesminister, der Regierung an direkt Neiwahlen. ROFLMAO.

J.C.KEMP
24. August 2019 - 9.37

Wien liese kann, ass eindeuteg am Viirdeel: 1919 steht do! An den FKK brauch emol keng kestion parlementär ze stellen. :D

Hallo
24. August 2019 - 9.17

Ganz d'accord mat dem Herr Kremer

KREMER Romain
23. August 2019 - 19.31

Ech fannen dësen Stand misst vun der Regiirung direkt zougemat gin, well wat soen a machen mer wann d'next Joer een Stand "Au massacre des Juifs" opgemaat gëtt. Wann keen Hannergedanken bei deem Titel war, dann ass et navel ganz schlechten goût gewisen. A wann iwer den Internet haut alles schingt erlabt ze sin, dann muss dat sur les lieux publics navel guer net erlabt sin.